Les Lumières et l’essor du capitalisme
25 octobre 2012 11:08, par Nicolas JaissonL’analyse concernant les réformes de Turgot est caricaturale et simpliste, parce qu’elle fait fi des circonstances économiques et politiques de l’époque caractérisée par l’essor de la révolution industrielle en Angleterre et secondairement en France qui nécessitait une réforme radicale de la fiscalité et de l’organisation du commerce. Jusqu’au XVIIème siècle la richesse des nations était essentiellement fondée sur l’agriculture. A partir du début du siècle suivant, les choses changent radicalement avec le développement du machinisme et de la finance moderne moderne appliquée aux échanges commerciaux et à l’économie budgétaire. Le problème de la refonte de la fiscalité se posait avec acuité en France à cause de son système de prélèvements en nature à la fois injuste et inefficace. Il faut mettre à l’actif de Turgot d’avoir réussi à abolir des « contraintes solidaires » par lesquelles les paysans devaient répartir entre eux le montant de l’impôt réclamé à leur village. Il s’ensuivait beaucoup de rancœurs et d’injustices. En remplacement de cela, Turgot commence à mettre en place des collecteurs rémunérés par la puissance publique (décret du 3 janvier 1775). Effectivement la tentative de libéraliser le commerce des grains s’est soldé par un échec désastreux. Mais là encore il faut replacer les évènements dans leur contexte qui était celui de la rivalité des puissances commerciales de l’époque, en pleine guerre économique pour la conquête des marchés continentaux. L’intervention de Pitt Le Jeune et de Philippe d’Orléans a été déterminante dans l’accaparement des grains, en vue de fragiliser la monarchie française par des émeutes de la faim, à un moment où la France était en guerre contre l’Angleterre en Amérique du Nord. Les choses sont donc moins simples qu’il n’y paraît au premier abord. Pour obtenir de plus amples informations sur le sujet, se conférer à la disgrâce de Turgot par Edgard Faure (1961).