Jean-Claude Michéa : "Pourquoi j’ai rompu avec la gauche"
14 mars 2013 18:13, par RobespierreMichéa est toujours percutant et appuie là où cela fait mal, sans hésiter à avoir l’honnêteté de citer ses sources.
Bien sûr que nous sommes aliénés par un « mode de vie forcément privé de tout sens humain réel » dès lors que le but qui est assigné au travail est absurde. Accumuler pour accumuler, jusqu’à en venir à rendre volontairement obsolètes, objectivement ou par la mode, les objets. Le système des gadgets absurdes asservit. Observez les foules assises côtes à côtes, murées dans le silence, encamisolées par l’écran d’un portable. Toujours ailleurs elles ne sont jamais au lieu véritable de leur épanouissement : l’ici, le maintenant et autrui.
Le système ne tient que par le perpetuum mobile illusoire et la frustration permanente. Merci à Michéa de me faire découvrir au passage l’existence d’Eduard Bernstein. Nous sommes des hamsters qui courent dans une roue pour obtenir la friandise promise par voie de réclame. Vous n’êtes pas le vainqueur radieux qui affiche son sourire carnassier sur tout la largeur de l’écran ? Achetez un nouveau déodorant.
Marx a remplacé, avec intelligence, son idée de jeunesse de l’« aliénation par le travail » par celui de fétichisme de la marchandise. Une fois de plus il s’avère pertinent. Le travail, à la base, nous élève. Il nous met en relation avec les autres. Il est l’expression de notre esprit technique qui marque notre spécificité. Car nous ne sommes pas une espèce animale comme les autres.
Mais il a été détourné de manière perverse. Désormais sa majeure partie produit de l’inutile. Des rasoirs à quatre lames. Des produits ménagers emballés de manière hyper-technique là où suffit une bouteille de vinaigre ménager. Des pâtes déjà cuites et assaisonnées dans les supermarchés parce que, pressés de faire grincer le jouet d’animalerie, nous n’avons pas le temps d’avoir le plaisir de cuisiner. Activité pourtant éminemment importante. Distinguer Le Cru et le Cuit n’est pas innocent.