" De retour vers Paris, un historien, professeur à l’université d’Orléans, m’a suggéré d’une façon très amicale de « ne pas employer le mot déportation s’agissant de la traite car il vaut mieux éviter les malentendus ». Comme je le regardais sans rien comprendre, il ajouta que si, toutefois je tenais absolument à employer le mot déportation à l’écrit, mieux valait l’utiliser entre guillemets et faire, en bas de page, une note précisant qu’il est question de la traite. Pour justifier sa position il précisa : « À l’époque de la traite, on n’a jamais employé le mot déportation. Aucun manuel d’histoire, aucun historien n’emploie ce mot pour parler de la traite. Parfois on parlera d’importation ou de transport. Le mot déportation renvoie aux déportations ayant eu lieu en Europe sous la domination nazie et, en conséquence, il est intellectuellement malhonnête d’en faire un emploi abusif. »
Ce petit paragraphe en lui tout seul, résume le fonctionnement intellectuel et la morale immorale de l’occident.
La thèse selon laquelle la morale occidentale est une imposture se manifeste, dans ce témoignage, dans toute sa clarté.
Quand je parle d’occident, je veux parler du mode de production capitaliste qui n’a rien à voir avec le libéralisme originel. L’occident n’est pas un espace géographique ; mais bien évidemment une modalité, une manière d’être au monde. Ainsi, on peut être Africain et être occidental, tout comme on peut être Européen, Américain ou Asiatique et n’être pas occidental.