Pour comprendre le problème de l’inflation, il faut commencer par comprendre ce qu’est la monnaie. Or une grande part du problème de la monnaie réside dans sa définition.
Pour rappel, l’inflation ne concerne que l’augmentation de la masse monétaire, qui est un volume. Seule une masse peut enfler... Les prix sont des indicateurs et non des volumes. Donc l’augmentation des prix est à distinguer de l’inflation, mais elle en est la conséquence.
Marc Dugois, auteur de l’ouvrage ’L’inéluctable révolution", propose la définition suivante de la monnaie. Le texte est tiré de son livre.
Alors le
pouvoir invente la monnaie à partir d’une matière recherchée, pérenne, rare, divisible
et transportable comme l’or, l’argent, le cuivre, le bronze ou de petits coquillages peu
communs. La monnaie sera la mémoire et la preuve du travail passé des membres
du groupe, l’énergie du groupe, l’énergie sociale. La racine du mot monnaie tout
comme le mot monument vient du grec mnêmosunê, « dont on se souvient ». Martin
Litchfield West, professeur émérite au All Souls College d’Oxford, nous en explique
même la forme causative :
« Moneta désigne la déesse qui monet, c’est à dire qui fait se souvenir, moneo
étant une forme causative de la racine *men-.1 »
Moneo étant une forme causative, la cause du monument comme de la monnaie est
de se souvenir.
Cette énergie sociale n’existe que par la reconnaissance par le groupe que la
monnaie est accumulation des énergies individuelles, cumul du travail des membres
du groupe. Chacun sait que l’énergie est toujours très difficilement stockable mais
l’homme a réussi à stocker son énergie personnelle dans la monnaie. La monnaie
est le substitut de l’homme. Mais comme ce substitut n’est au départ reconnu que
par les membres du groupe, la monnaie est aussi le symbole du lien social dont le
pouvoir est garant, ce qui donne à ce dernier le droit de battre monnaie. En Inde au
XIIème siècle la mémoire du travail individuel n’était pas confiée à la monnaie mais
était encore tenue par un régisseur de village qui redistribuait au moment des
récoltes la richesse collectivement créée.