Le racisme selon Alain Daniélou et George Steiner
31 mai 2013 15:29, par cavalierbleuPourquoi les Français n’ont-ils pas cherché à faire des Algériens des chrétiens ? La question renvoie à celle de savoir pourquoi les Français ont conquis ce territoire autour d’Alger qui allait devenir l’Algérie.Au départ, il n’était pas question de conquête, encore moins de colonisation. Il s’agissait de pacifier une région agitée qui abritait des pirates méditerranéens. L’idée de colonisation n’est venue que peu à peu, sous la pression des événements. Quant à l’évangélisation, les Français étaient loin d’être d’accord sur sa nécessité. Alger fut prise en juillet 1830 par le général de Bourmont, sous Charles X, le dernier roi Bourbon. Un mois plus tard, Louis-Philippe devenait roi des Français. Mais l’esprit a changé. Le catholicisme n’est plus religion d’État. Bourmont est remplacé par le général Clauzel, qui n’est pas catholique. Le haut commandement militaire, dans l’ensemble, ne l’est pas non plus, contrairement aux simples soldats.
Le général de Sonis (1825-1887), qui a passé seize ans en Algérie, est l’exception à la règle. « Dans sa promotion de Saint-Cyr, deux élèves seulement vont à la messe. Lui non seulement pratique, mais il est pieux. » Sur ses années algériennes, on comprend à quoi aurait pu ressembler l’Algérie si des soldats de cette trempe avaient été plus nombreux. C’est un homme de culture, ouvert et large d’esprit qui lit beaucoup et s’intéresse à la civilisation musulmane. Il a appris l’arabe et le parle couramment. Du coup, il est respecté par les autochtones, qui apprécient qu’il soit croyant et qu’il les comprenne.Comme Charles de Foucauld, dont Bedel cite la lettre prophétique de 1917, le général de Sonis a compris que l’assimilation n’aurait pas lieu si les musulmans ne se convertissaient pas : « Les Arabes, écrit-il en 1864, ne nous pardonneront jamais de ne pas être musulmans ». Il ajoutera : « L’Algérie ne sera conquise à la France que lorsqu’elle est le sera à la religion, et la Croix y fera plus que l’épée ».