Portraits de révolutionnaires : Lénine
15 août 2013 19:39, par Szczebrzerzyszczykowski8 juillet 1917. Allilouev et Staline accompagnent Lénine à la gare de Razliv, où Lénine reste chez l’ouvrier Yemelianov qui louait un petit pré situé à 5 km du lac de Razliv. Il y a accompagné Lénine et Zinoviev dans sa barque, jusqu’à une cabane de branches où se trouvait la "chambre pour deux". […]
Sokolov pose donc la question de la présence de Zinoviev dans cette "chambre pour deux". Pourquoi le mois entier passé avec Zinoviev disparait de la biographie ?
Sokolov découvrit la vérité après avoir accédé aux archives personnelles de G. Zinoviev, membre du Politburo, 1er secrétaire de l’OBKOM de Leningrad. Il y a découvert une lettre de Lénine à Zinoviev datée du 1/07/1917 :
Grigori,
Les circonstances me poussent à disparaître de Petrograd au plus vite. Je ne peux partir loin, les affaires ne le permettent pas. Les camarades me proposent un lieu, qu’ils disent sécurisé. Mais la solitude est si déprimante, surtout maintenant… Rejoins-moi, et nous passerons des journées merveilleuses loin de tout… Si tu peux partir dans cette retraite avec moi, téléphone-moi vite : je donnerai l’ordre que tout soit prêt pour deux personnes.
Il s’agissait du lac de Razliv et la fameuse cabane. C’est là qu’aura lieu la conclusion charnelle des rapports entre Lénine et Zinoviev. Ils y passeront plusieurs jours en tête-à-tête, et ces journées rendront Zinoviev fou. Dès septembre [1917], il écrit à Lénine qui se trouve en Finlande :
Cher Vova,
Tu ne me croiras pas comme tu me manques ! Comme tes caresses me manquent ! Crois-moi, je n’ai touché personne depuis que tu es parti. Tu peux être sûr de mes sentiments pour toi et de ma fidélité. Je ne toucherai aucun autre homme, et encore moins une femme. Il n’y a que toi… Arrive, n’aie crainte, je vais tout préparer au mieux.
Lénine semble ne pas avoir répondu à cette lettre, car l’amoureux transi écrit moins d’une semaine plus tard une autre lettre :
Cher Vova,
Tu ne me réponds pas, tu as peut-être oublié ton Hershel… Mais moi, j’ai préparé un vrai petit nid pour nous. Nous pourrons y aller à l’envie. C’est un magnifique petit appartement où nous serons bien, pas dérangés dans notre amour. Ce sera comme avant. Je me rappelle comme j’étais heureux de te voir. Te souviens-tu, à Genève, lorsqu’il nous fallait nous cacher de cette bonne femme ? Personne ne pourrait comprendre nos sentiments mutuels… Viens au plus vite, je t’attends, ma petite fleur. Ton Hershel