Marion Sigaut sur l’état de l’école
2 décembre 2013 15:19, par AndréeIl faut ajouter que la propagande de l’Éducation nationale a comme meilleur allié l’idéologie pédagogiste, car elle se fonde sur une logique de séduction des élèves et d’appel à leurs sentiments. Ces idées pédagogistes sont à l’œuvre dans les systèmes éducatifs de tous nos pays européens et à l’origine d’une refonte des méthodes d’apprentissage (de la lecture notamment, avec les méthodes semi-globales en vogue depuis 30 ans).
Pour autant, le cadre français donne à la propagande idéologique une spécificité particulière. Le dernier exemple en date est l’instauration de cette prétendue "morale laïque" dans les écoles. Je ne sais pas dans quelle mesure elle trouvera lieu de s’appliquer concrètement, mais il est sûr qu’il s’agit là d’une marotte idéologique typiquement française fleurant bon les "valeurs de la République". C’est sur cela que la gauche a fondé depuis plus d’un siècle son combat et sa domination idéologiques dans l’école (cf Philippe Nemo, Les deux Républiques), mais force est de constater que la "droite", suiveuse, est sensible aujourd’hui aux mêmes discours. La propagande passe ensuite par tous les organismes et associations accrédités par l’État pour venir "sensibiliser" (on notera l’emploi récurrent dans leur lexique de ce genre de terme) les élèves aux problématiques définies par le ministère (comme pour cette circulaire Peillon). Elle passe enfin par l’orientation particulière donnée aux programmes scolaires.
Ainsi l’enseignement de l’histoire est tributaire de toutes les visions structurant l’idéologie dominante française : sur la Révolution, sur la République, sur l’esclavage, sur la colonisation, etc. Le fait que les règnes de François Ier, Henri II, Louis XIV et Napoléon disparaissent des programmes n’est qu’anecdotique. Leur disparition s’inscrit dans une volonté plus large de n’enseigner qu’une histoire globale (civilisations, "mouvements d’idées", etc, où la France a vocation à prendre de moins en moins de place) dont le mouvement dialectique est censé illustrer et soutenir une vision propre à susciter chez les élèves l’adhésion à certains dogmes "républicains". A ce titre, la Révolution est considérée comme un mythe fondateur idéologique dont l’enseignement est particulièrement mensonger. A noter également la place prise très récemment par l’étude de la construction européenne. La vision induite de la citoyenneté républicaine ne se définit plus comme politique mais sur un substrat idéologique...