Entretien avec Alain de Benoist
13 avril 2014 11:37, par Philippe de MacédoineM. De Benoist est un esprit brillant d’une disponibilité et d’une courtoisie remarquable. Sa pensée est complexe et evolue bien dans le temps.
Il a un positionnement raisonné et médian sur l’économie que je trouve très pertinent (antimatérialiste et antilibéral) même si on peut lui reprocher d’être anti- et non pas pro-. On le comprend, il faut se situer par rapport aux référentiels existants actuellement. Cela dit, je crois qu’il faudrait qu’il invoque, comme Michea, le terme orwellien de "décence commune" qui couvre ses deux positions et beaucoup d’autres.
Cela dit, sa position sur la nation dans cette vidéo est pour le moins brouillonne, à moins que je ne l’ai pas compris. Il saute de nation à état nation comme si les deux choses étaient les mêmes pour conclure que la "région" (concept qui est indéfinissable sérieusement même du point de vue historique) est la structure de base dans une Europe "confédérée".
Je pense qu’il a tort. L’Histoire est le ferment des sociétés et l’Histoire ne porte aucun crédit aux Régions depuis César.
En France on parle des Gaules, du royaume des Francs, du royaume de France avec ses duchés, comtés et baronnies, de la République Française.
Il y a de l’ethnicisme ou plutôt de l’identitarisme dans le concept de Région. Il suffit de voir les mouvements "nationalistes" ou séparatistes régionaux. Ce sont des mouvements qui se sont créé sur un terreau identitaire.
La nation française n’existe que parce qu’elle a brisé ces identitarismes et c’est sans doute son plus grand succès. Il n’y a pas de rejet d’une région par une autre comme c’est le cas en Allemagne, en Italie, en Espagne ou en Angleterre. En France, c’est traité par la dérision et l’humour.
Je ne pourrais jamais faire une croix sur cet acquis essentiel.