Géopolitique de la guerre contre la Syrie et de celle contre Daesh
22 octobre 2014 09:11, par Thierry MeyssanCet article correspond au texte d’un cours que j’ai donné. Il ne comprends donc pas de notes, mais j’ai déjà commenté la plupart des faits cités dans des articles précédents où vous trouverez les notes manquantes.
Je suis réfugié en Syrie et je vis sous la protection de la République arabe syrienne depuis 2007. Je me sens parfaitement libre dans mon expression, même si je ne dis pas tout. Je suis expert pour plusieurs gouvernements ce qui m’oblige parfois à la discrétion.
L’Armée arabe syrienne s’est certes considérablement aguerrie, mais le pays est en grande partie détruit. Pas seulement au Nord. Ici, à Damas, il y a des banlieues entièrement en ruines, durant des kilomètres, plus un seul habitant, que des ruines. Par conséquent, l’économie ne parvient plus à nourrir la population et le pays vit de l’aide étrangère. Il faudra de longues années avant de retrouver le niveau de vie d’avant la guerre. Aussi beaucoup de Syriens, et surtout la bourgeoisie, cherchent à émigrer.
Concernant les Kurdes, il y a une grande confusion en France à ce sujet. Les Kurdes d’Irak obéissent au clan Barzani. Or, les Barzani travaillent officiellement pour le Mossad depuis les années 50. Au contraire, les Kurdes de Turquie sont d’authentiques nationalistes. Jadis Ocälan, le chef du PKK turc, vivait en exil à Damas. Lorsque la Turquie a menacé d’entrer en guerre contre la Syrie, la Syrie lui a demandé de partir pour préserver le pays. Il s’est alors réfugié en Europe, puis en Afrique où le Mossad l’a enlevé et l’a remis aux Turcs. Avant la répression turque, il y avait peu de Kurdes en Syrie. La plupart d’entre eux sont arrivés de Turquie durant les 20 dernières années. Jusqu’il y a deux ans, ils avaient encore la nationalité turque et n’ont obtenu la nationalité syrienne que lorsqu’ils se sont engagés à défendre le pays face aux jihadistes. Bachar el-Assad leur a alors non seulement donné la citoyenneté, mais des armes, et ils se sont organisés en région autonome avec des fonctionnaires toujours payés par Damas. Pour Erdogan, laisser mourir les Kurdes syriens, c’est en finir avec les éléments les plus durs du PKK. Ce n’est que sur pression US qu’il a accepté de créer un corridor de circulation. L’Otan ne pouvait pas assumer un massacre dont le monde entier aurait vu qu’il aurait été commis avec l’aide d’un de ses membres, la Turquie.
Merci de vos commentaires, que je lis toujours.