Éric Zemmour sur l’art contemporain
26 octobre 2014 03:46, par Radu PopoviciLe vrai progrès en art n’est pas la recherche de la laideur ou de la souillure pornographique obscène, c’est la recherche de nouvelles voies pour la beauté. C’est cela le vrai progrès légitime.
Cela me fait penser à cette femme de ménage dans une galerie d’art qui a jeté une soit disant oeuvre à la poubelle en confondant avec un tas d’ordures. La querelle dans anciens et des modernes a souvent représenté la difficulté pour un public d’appréhender des formes d’expression nouvelles, car elles représentaient un mode de pensée déroutant pour les yeux de leurs époques, mais avec l’habitude les gens ont finalement mieux compris le système nouveau et ont pu en pénétrer le fond, en être touchés tout simplement. Même la passion selon Mathieu de Bach a été critiquée en son temps, comme trop théatrale, mais aucune femme de ménage n’aurait confondu avec un tas de poubelles Bach, Beethov ou Delacroix.
Il y a dans cette réplique un amalgame, une confusion entre deux mécanismes de rejet, qui une fois éclairci ne laisse plus aucune chance au discours de l’art contemporain.
Le premier consiste à rejeter une oeuvre belle et légitime parce que le cerveau en déroute n’est pas habitué avec un certain mode de pensée ce qui est un obstacle à son appréhension, problème que le temps suffit à surmonter.
Le second c’est de rejeter quelque chose de laid, glauque, matérialiste, angoissant, déspiritualisé, vide, illégitime, parce que c’est laid, glauque, matérialiste, angoissant, déspiritualisé, vide, illégitime. Ce qui est toute l’histoire de l’art de Picasso à Murakami,
de Schonberg à Boulez, de Le Corbusier à Rem Koolhaas.
Depuis cent ans on nous explique que c’est formidable et pourtant tout le monde continue de détester et rejeter car cela n’a plus rien à voir avec l’art, le beau et le trasncendant. Tout n’est pas art et l’on rejette la modernité pour des raisons différentes du rejet de certaines formes d’art légitimes à certaines époques.
Il y a là un amalgame grossier, une confusion totale, sur lequel repose le principal argument contre le rejet de l’art contemporain : la nouveauté a toujours été rejetée.
Eh bien l’art contemporain, ce n’est plus nouveau du tout, personne n’en veut et personne n’en voudra jamais, parce que cela n’a rien à voir avec l’art et la recherche de la beauté.
Donc cultivez-vous, soyez plus nuancé, cessez les amalgames grossiers, et vous verrez que M. Zemmour a raison.