Éric Zemmour sur l’art contemporain
26 octobre 2014 09:58, par Philippe de MacédoineC’est un débat d’une complexité formidable et il faut faire preuve de mesure quand on dit "art contemporain" car il y a dans l’art contemporain, dix artistes pour un escroc. Le malheur c’est que le charlatan fait référence pour la raison centrale que M. Zemmour a donnée en dernier : le snobisme des riches.
Comparer l’art contemporain aux arts classiques est périlleux car ce qui nous est parvenu a passé trois niveaux de censure : la censure des contemporains, la censure des descendants (exemple la destruction des statues egyptiennes par les coptes) et la censure du temps.
Invoquer le beau est aussi une erreur. Le beau est relatif. Je ne trouve pas les masques africains beaux alors qu’un Africain peut se pâmer devant car c’est signifiant pour lui.
Le caractère spéculatif ne me choque pas. Ce n’est pas mon problème mais le problème des riches. Dans un temps où des virtualités éphémères sont plus valorisées que des combinats industriels centenaires (whatsapp a été valorisé à la même auteur que Sony en bourse) on ne peut pas être surpris par la cote des charlatans.
Ce qui est preoccupant est la dévalorisation de l’art millénaire. Se promener dans les couloirs du Louvre est de plus en plus pénible. On y affronte des troupeaux de touristes pressés ne passant plus devant les oeuvres que le temps qu’il faut à leur appareil photo pour ouvrir son obturateur. Ils ne sont là pour dire qu’ils y étaient. ils ne voient plus la subversion chez un Rembrandt ou un Le Nain ; ils ne voient pas la violence chez Delacroix. Ils photographient les artistes de cour comme Vinci, Rubens ou David ou les fournisseurs de bourgeois comme Rembrandt qui sont les seuls qui ont survécu car ils eurent la force de profiter de leur statut social pour developper leur technique et attendre des sommets dans leur art.
De nos jours, l’art des charlatans se veut subversif mais il ne l’est plus vraiment car il n’y a plus de censure et que le peuple est aculturé et démoralisé. Tout cela est cohérent bien analysé par Debord et d’autres. C’est le schéma classique : acculturation de masse, dépréciation de la subversion, spéculation. C’est la société du spectacle. Tenons nous en à l’écart, formons ceux qui nous entourent. On gagnera le combat.