La Grande Guerre, gagnée par les soldats des colonies ?
30 novembre 2014 18:05, par C’était il y a 100 ansPourtant, les pertes totales des régiments issus des colonies ne dépasseront pas 2 % des pertes métropolitaines, si l’on peut dire. Il s’agit donc d’un événement non majeur de la Première Guerre mondiale, surexploité historiquement à des fins politiques.
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Je souligne l’assertion, parce qu’elle fonde objectivement toute la légitimité de l’article, quand on s’intéresse au massacre, à la brutalité et la pure violence affrontée par ceux qui en moururent.
Je ne peux infirmer ni confirmer la thèse "Tirailleurs sénégalais en première ligne", mais :
1 ) J’en ai souvent entendu parler par mon père, qui le tenait de son père. Mon grand-père a été poilu, mais il est mort hélas à l’époque où je m’intéressais plus à Trust et AC/DC qu’à son histoire à lui... Des pertes qui ne se réparent pas.
2 ) Cela n’aurait rien d’étonnant dans la France de la IIIe République (pour qui veut bien parcourir ces 70 années très spéciales de l’histoire de France) ;
Je suis donc globalement d’accord avec la direction de l’article : plutôt que d’œuvrer à donner du travail au gens qui en sont privés *volontairement* par les élites franco-bruxello-remets-de-l’eau-je-deviens-tout-sec, on nous fait des leçons de morale, biaisées qui plus est, en pensant que ça nous fera un morceau de pain, spirituel le morceau, bien sûr.
En attendant, il n’y a, non pas des régiments (blancs ou noirs), mais des légions de crevards dans ce pays, qui se demandent où est leur faute, si ce n’est celle d’être mal-nés : pas héritiers, pas dans le bon milieu socio-économique, loin des métropoles où l’emploi se niche, pas assez de réseau local pour faire le fonctionnaire territorial, pas assez de clients pour faire tourner leur affaire.
Tout cela n’est célébré que par des gens qui n’ont aucun souci du lendemain, peuvent se projeter 24 à 48 mois dans l’avenir (voire plus) et n’ont jamais su (ou l’ont oublié, parce que ça s’oublie très vite) ce qu’était la disette du quotidien.
Je pense enfin aux Français noirs (ou africains, comme ils préfèrent), comme par exemple à M.H. qui réagissait au missile médiatique Binti, dans le courrier des lecteurs. Leur sentiment ? Urgence de la mémoire ? Urgence d’être français et de vivre de son travail ?