Judaïsme et élite cognitive : entretien avec Gilad Atzmon
19 décembre 2014 13:16, par FrédérickArticle et commentaires très intéressants, Gilad a ouvert un brèche de taille avec ses explications de sélection eugénique, il ne faut surtout pas lâcher prise sur cette théorie.
Ma lecture personnelle des sociétés est celle-ci : elles sont divisées entre les producteurs et les narrateurs. Mais les deux pôles sont rarements entiers et se confondent souvent à un certain degré. J’illustrerai ce propos avec l’exemple du comptable : il doit produire des rapports et des projections et même si ce n’est pas un travail physique, il faut faire un certain effort, c’est du travail de concentration (partie production). Mais cela reste surtout de la narration, celle des gains et des dépenses d’une entreprise.
L’activité de narration est plus valorisée que celle de la production car on a la perception intuitive que la relation calorie gagnée/ calorie dépensée est plus favorable dans l’activité de narration (j’espère que Fred Delavier lira ces lignes !)
Je préfère donc mon terme "narrateur" à celui de "cognitif", m’appuyant sur le meilleur exemple possible, celui de l’artisanat. La cognitivité dans l’artisanat est unique, cependant il tend à disparaître car faisant plutôt partie du monde de la production et donc peu valorisé (il y a quand même une part de narration, c’est la passation et l’application de la connaissance technique). Ou bien, il survit dans le marché de luxe, c’est à dire grâce à son image, grâce à sa communication, grâce à une narration (ex : Rolls Royce).
Puis si on regarde vers l’art, on se rend compte que plutôt que de produire de la grâce sublîme, de la beauté, on se contente de plus en plus de narrer ce que son oeuvre signifie.
Ensuite, comme l’a si bien remarqué ericbasillais plus haut, nombres de "surdoués" sont marginalisés. Car il n’est pas exactement question d’être intelligent (même si ce ça peut être un avantage, bien entendu), mais d’être bon en "narration" (savoir se vendre, comprendre et utiliser les codes culturels modernes) et d’avoir certaines prédispositions morales : savoir regarder de l’autre côté pour les moins bons, être carrément sans vergogne pour ceux qui visent le haut du "panier de crabe".
On décrit une civilisation pathologique où les valeurs morales sont détruites pour créer un règne de la pourriture. Et si je suis moralement corrompu, je dois faire en sorte que la corruption morale soit récompensée et promovoir ce trait chez les autres.
Je crois que voir l’analyse de Gilad sous cet angle est plus fonctionnel.