Belle et Sébastien, sionistes malgré eux
20 janvier 2015 09:38, par Mojo RisinMerci pour cette analyse. Il se trouve que j’ai regardé ce film jusqu’à la moitié, hier, avec ma fille. Je sentais vaguement venir le développement que vous pointez.
Mais avant d’en arriver-là, un autre aspect m’a sauté aux yeux : la plastique des comédiens, conséquence de castings soigneux effectués sur des critères rigoureux. Donc le gamin est mignon tout plein, la boulangère pourrait être mannequin chez Dior, le docteur pourrait tourner des séries californiennes et le berger (la vedette dont le nom m’échappe) est crédible comme Valls le serait dans le rôle principal d’un biopic consacré à Dieudonné.
Il y a bien quelques gros et gras mais relégués dans un arrière-plan. Le fin fond de l’image, là où survivent des silhouettes de chasseurs et de péquenauds. Mais mêmes eux, le maire par exemple, ne transpirent pas l’authenticité.
Cette purification par le physique est d’ailleurs bien montrée : le clébard est au début fantomatique, sale et nommé "la bête". Quelques tours de manivelles plus tard le voilà blanc comme neige et doté d’un QI de dauphin génétiquement modifié.
Ma question : existe-t-il encore des acteurs pouvant jouer les pécores d’antan, avec du cuir à la place de la peau, avec des tronches brunies, rougies, tannées, prématurément vieillies ? Avec des fringues qui tiennent debout toutes seules... Avec des accents rocailleux... Avec des petites tailles et des carrures râblées, des muscles noueux... Avec des comportements et des liens crédibles : aucun paysan de cette époque ne serait aussi extraverti et simple (dans le sens d’idiot).
Ce traficotage, cette asepsie militante, empêche de facto de dire la moindre chose non seulement sur cette époque mais sur l’humain en général. Encore moins de communiquer un début d’émotion vraie.