Ce manque de consensus autour du nomadisme numérique est à la réflexion peu surprenant, tout simplement parce que cet arrachement territorial des salariés, consenti ou non, est un premier pavé dans la mare du nationaliste et de son sempiternel attachement physique car viscéral à son territoire et ses coutumes, ce qui contente à la fois les partisans d’un internationalisme à la Badiou (ou à la Onfray), mais également les acteurs du capitalisme libéral.
Alors bien sûr, le nomadisme numérique est encore très loin de cocher toutes les cases du projet révolutionnaire communiste, soyons sérieux, mais c’est déjà un premier pas quant à l’éradication des états et des frontières, une oblitération favorable également à l’oligarchie pilotant la mondialisation, mais que certains ici en soient rassurés, il m’étonnerait fort qu’il existe prochainement une entente entre marxistes et ploutocrates autour d’une synthèse politique et sociale commune, si les deux camps recherchent notamment le dépérissement de l’état et des frontières, c’est certainement pas pour les mêmes finalités au niveau de l’autonomie, les premiers raisonnent en terme d’émancipation par leur propre travail alors que les seconds raisonnent en terme d’émancipation par le travail des autres, la nuance est de taille et nous renvoi fatalement aux réflexions de Proudhon à propos du machinisme qu’on pourrait parodier ainsi dans une pensée flirtant avec l’aporie, à savoir que si le nomadisme accroît la productivité et le sentiment anarchique, il soumet aussi sûrement le salarié qu’il ne détruit sa liberté.
C’est dire si l’identitaire, dans ses revendications nationalistes et souverainistes sévèrement combattues par ses ennemis idéologiques, est quelque part et aujourd’hui, le seul et unique combattant crédible des libertés individuelles voire collectives.