Le FN entre à Sciences-Po Paris
2 octobre 2015 11:14, par listenerVoilà ce qu’écrivait cet étrange personnage d’Emile Boutmy, créateur de l’Ecole Libre des Sciences Politiques, dans les temps de la fondation (1871) :
"L’enseignement nouveau s’adresse aux classes qui ont une position faite et le loisir de cultiver leur esprit. Ces classes ont eu jusqu’ici la prépondérance politique ; mais elles sont menacées. Elles avaient établi leur première ligne de défense sur les hauteurs de la naissance et de la fortune ; elles avaient pour elle les lois et les mœurs. Voici que partout les mœurs les trahissent, les lois les abandonnent. La Chambre Haute héréditaire a été abolie en France (...) le cens électoral a disparu en France (...) le paysan exclut de son conseil municipal le grand propriétaire, le descendant des anciens seigneurs locaux. L’ouvrier prend pour règle de son vote le contre-pied du vote de son patron (...) les classes qui représentent des situations acquises risquent fort de se voir exclues à leur tour de ce pays légal qu’elles ont si longtemps interdit au grand nombre. Revanche excessive au point d’être injuste, mais qui me laisseraient assez indifférent si, en frappant les hommes, elles n’atteignaient les deux conditions vitales de toute société progressive (sic), l’empire de l’esprit et le gouvernement par les meilleurs. Voilà ce qu’il ne faut pas laisser périr. Ce serait folie aux classes menacées de croire qu’elle pourront, par la résistance légale, se maintenir dans les positions qui leur restent et regagner les positions perdues (...) Contrainte de subir le droit du plus nombreux, les classes qui se nomment elles-mêmes les classes élevées ne peuvent conserver leur hégémonie politique qu’en invoquant le droit du plus capable (...). Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorités dont le prestige s’impose, de capacité dont on ne puisse pas se priver sans folie".
Un peu fou, n’est pas ? L’Ecole s’est ensuite alignée sur le système d’enseignement des collèges de jésuites ce qui a soulagé la bourgeoisie paniquée à l’idée que leurs chers petits lardons allaient frayer avec des prolétaires : il repose sur le principe suivant : prendre les bons élèves, laisser crever les mauvais, comme cela on a moins de problèmes et on a des subventions. Quand on ne prend que les mentions bien et très bien, on est peinard et on est considérés comme "capables".