mon grand père m’avait raconté sa guerre comme bidasse dans les tranchées de la marne, puis Verdun. j’avais à peine sept ans mais je m’en rappelle comme si c’était hier, il en parlait comme d’un autre monde, en gros un enfer quotidien : les rats, la vermine, la pluie continuelle qui inondait régulièrement les tranchées avec la boue qui dégueulait entre les planches, et la dedans, il fallait vivre, manger (de la merde) boire le fameux pinard au bromure (pas parce que ça coupe la libido, mais parce que ça rend docile)
faire ses besoins et dormir dans le froid et l’humidité perpétuelle. ça c’était pendant le repos,
Les combats c’était le jackpot:prévenus au dernier moment, un coup de gnôle, et les obus,qui déplaçaient des tonnes de boue mélée de barbelés et surtout les mitrailleuses qui fauchaient les types par grappe dès qu’ils sortaient de leur trou,
et bien sûr le chlore (ce gazage là on n’en parle plus mais quand j’étais petit les anciens gazés de 14-18 on ne pouvait pas les louper, ils faisaient de drôles de bruits.
et puis la folie, c’était tellement dur et inhumain que tous les jours des types pétaient complètement les plombs (hurlements et actes incontrôlables). et tout ça pour avancer de quelques dizaines de mètres au mieux. quant aux permissions , rarissimes et courtes donc pour lui pas question de voir la famille dans le midi.
mon grand père qui avait connu les guerres coloniales m’avait dit : je te raconte tout ça parce que cette guerre a été la plus monstrueuse de tous les temps et il ne faut pas l’oublier (le fameux : plus jamais ça) on a vécu pire que des rats dans un égout.et il me disait ça en se marrant (va raconter des histoires pareilles à un minot de nos jours, on va le traumatiser)
respect infini pour toutes ces gueules cassées car c’étaient des gens comme nous, juste au mauvais moment et au mauvais endroit.