Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine
20 juillet 2016 15:04, par nicolasjaissonCes observateurs (de propagande ?) ont une mémoire de canari : déjà oublié le soutien indéfectible de la Turquie d’Erdogan aux mercenaires islamistes qui ont mis la Syrie à feu et à sang pendant cinq ans, tout comme l’alliance avec les pétro-monarchies islamistes du Golfe dirigée contre la Russie de Gazprom ou le discours enflammé d’Erdogan au stade de Strasbourg rappelant le glorieux souvenir de Mehmed IV, tombeur de Byzance et vainqueur de la Serbie.Tout d’un coup, Erdogan se jette dans les bras de son rival Poutine, après lui avoir adressé une lettre manuscrite, où il se confond en plates excuses pour le pilote russe abattu. Du jamais vu au pays des fiers conquérants turco-mongols ! La Turquie semble suivre une trajectoire analogue à celle empruntée par l’Egypte des Frères Musulmans conduite par Mohamed Morsi à la ruine. Même si les Occidentaux ne sont pas étrangers au coup d’Etat raté , on ne peut que se désoler devant un pays ruinant ses chances de décollage économique. La résurrection du serpent de mer gazier que Gazprom souhaite relancer en collaboration avec les Turcs semble mort-née, au moment où le Qatar accroît ses exportations de gaz liquéfié vers la France (cf. le nouveau terminal gazier de Dunkerque) et la Russie termine le gazoduc North Stream II avec l’Allemagne, alors que la Pologne reçoit ses premières livraisons de gaz américain. Et que pèse le gaz à côté de l’effondrement des secteurs d’excellence de l’économie turque ? Même si Erdogan s’enflamme pour une alliance régionale avec la Russie et l’Iran, on ne peut que se perdre en conjectures devant les chances de succès d’un rapprochement entre des rivaux de toujours. Surtout au moment où les revenus des rentes tirées des hydrocarbures sont au plus bas, tandis que s’accroît la pression terroriste sur des régimes dictatoriaux aux abois incapables de trouver des solutions de rechange pour faire vivre décemment leurs populations, autrement que par l’aventure militaire pour des motifs douteux.