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Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

Il y a trois explications principales possibles à la tentative de coup d’État qui a eu lieu en Turquie dans la nuit du 15 au 16 juillet et qui a été rapidement contenue par le pouvoir.

La première, la plus « premier degré » et très « printemps arabe », est qu’il s’est agi d’un coup d’État spontané de l’armée, voire du peuple, qui voulait renverser le pouvoir en place pour rendre la Turquie plus « démocratique ».

La seconde est celle d’un faux coup organisé par Erdogan et son entourage pour s’autoriser, par la répression, un verrouillage accru de la société turque et un musellement de la contestation.

Une troisième, à ne pas négliger, émet l’hypothèse d’un coup fomenté par les États-Unis et leurs relais au Proche-Orient afin de chasser un pouvoir turc qui a commencé à se rapprocher de la Russie. C’est l’hypothèse d’Alexandre Douguine (mais aussi d’Erdogan), qui développe une analyse centrée sur la possibilité d’un État parallèle en Turquie.

- La rédaction d’E&R -

 

 

Retranscription de la vidéo

Fin de semaine dernière, une tentative de coup d’Etat militaire a eu lieu en Turquie. Une tentative de putsch préparée en dehors des frontières de la Turquie.

Par coïncidence, je me trouvais à Ankara le 15 Juillet où je commentais l’attentat à Nice en direct sur « Tzargrad ». Personne ne se doutait que quelques heures plus tard débuterait le coup d’Etat.

Voilà ce qui s’est passé. Dans le cadre de ma visite en Turquie, j’ai rencontré des personnes haut placées, y compris le maire d’Ankara Melih Gökçek, qui a pu me confier son opinion sur la situation politique en Turquie à la veille du putsch. Lors de notre entretien Melih Gökçek, qui est très proche du président Erdogan, parlait d’un état parallèle en Turquie crée par la secte de Fethullah Gülen.

Cette secte est basée aux États-Unis, en Pennsylvanie, d’où elle dirige son réseau d’agents d’influence qui se répandent dans la société turque.

Melih Gökçek a avoué n’avoir pas compris tout de suite que, sous couvert de programmes humanitaires et de bienfaisance, se cachent des structures dirigées par la CIA.

Lors de cette conversation privée Melih Gökçek avait exprimé l’idée, qu’il a ensuite exprimé publiquement pendant le coup d’Etat, que c’est la secte de Fethullah Gülen qui a abattu l’avion russe et a tué son pilote. Car le but des États-Unis était de brouiller Ankara et Moscou au moment où nos pays étaient proches d’une collaboration. L’avion et la mort du pilote sont devenus le point de départ de cette intrigue géopolitique. Les américains ont prévu que le boycott russe affaiblirait les positions d’Erdogan et qu’ils pourraient ensuite le remplacer par Ahmet Davutoğlu. C’est pourquoi en Turquie se sont formées deux forces : d’un côté les kémalistes et les patriotes qui voulaient rétablir les relations avec la Russie - ils poussaient même Erdogan à présenter des excuses officielles. Et de l’autre, la secte de Gülen et les structures proaméricaines qui, au contraire, voulaient aggraver la situation.

À la fin de notre rencontre, deux heures avant la révolution,Melih Gökçeka dit : « Nous avons sous-estimé la puissance de l’État parallèle crée par les américains et les partisans de Gülen. C’est notre faute. Mais désormais nous corrigerons notre action, la priorité c’est le nouveau rapprochement avec Moscou ».

À l’aéroport d’Ankara, pendant que j’attendais le vol pour Moscou, j’ai entendu des coups de feu et des explosions. L’aéroport était cerné par les militaires. Les départs ont été annulés.

Nous avons été informés du coup d’Etat des militaires insurgés contre Erdogan. Mais pour moi ilétait clair que c’était le réseau d’agents qui occupaient les postes influents dans l’armée. C’était leréseau de Fethullah Gülen qui a mis en pratique le plan final de déstabilisation.

C’était la dernière chance de renverser Erdogan, qui, avec le soutien des kémalistes, a décidé de rompre avec Washington et se tourner vers la politique eurasienne, c’est-à-dire vers Moscou. Plusieurs politiques turcs m’ont même fait savoir que la Turquie examinait sérieusement la perspective de sortir de l’OTAN et de se rapprocher de Moscou pour les questions militaires. Le réseau d’agents américains avait pour seule issue le coup d’Etat, et les forces proaméricaines ont tenté de le réaliser.

Cette nuit-là était pleine d’incertitude. Mais vers le petit matin les forces patriotiques nationales de la Turquie ont réprimé la révolte. Et tout ce dont l’on discutait en chuchotant la veille, était prononcé ouvertement sur les tribunes publiques – non seulement par le maire d’Ankara ou le premier-ministre, mais aussi par Erdogan lui-même : le putsch a été fomenté par les mêmes forces qui ont abattu l’avion russe : l’État parallèle.

Mais maintenant, plus rien ne retient la Turquie de totalement rompre ses relations avec les instigateurs du renversement du pouvoir légitime par la force, sortir de l’OTAN et se rapprocher de la Russie réellement. L’avenir c’est l’Axe Moscou-Ankara, comme j’avais intitulé mon livre, publié en Turquie il y a dix ans. A l’époque j’ai pris les devants, mais maintenant l’Histoire a rendu possible cette idée stratégique.

Depuis des siècles la Russie et la Turquie s’empêchaient l’un et l’autre d’atteindre les buts souhaités. С`était la raison de nombreuses guerres.

Si nous bâtissons une stratégie commune, nous réglerons ensemble tous nos problèmes, avec la paix et le partenariat stratégique. C’était la prophétie du grand philosophe russe, slavophile et conservateur Konstantin Leontiev.

 

À lire également : « L’un des leaders du coup d’État en Turquie est un ancien attaché militaire à Israël » (alyaexpress-news.com/)

Voir aussi, sur E&R :

 






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72 Commentaires

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  • #1515559
    Le 20 juillet 2016 à 03:42 par Gilles
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    J´ai passé deux ans en Turquie sans comprendre grand chose du pays, pas faute d´avoir essayé. En 6 minutes de Douguine, qui n´est peut-être pas parole d´évangile, il y a des éclaircies salutaires qui s´imposent dans la géo-politique de la région. Douguine en impose.

    C´est vrai que la relation Russie-Turquie, pourrait aller bien au-delà des Natacha.

     

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  • #1515617
    Le 20 juillet 2016 à 07:56 par Emmanuelle
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    Les Etats parallèles ont toujours un coup d’avance dans la prescience des événements.
    Ainsi donc l’Etat parallèle de France a tôt fait de fermer ses représentations diplomatiques en Turquie, dès le mercredi 13 juillet à 13h, jusqu’à nouvel ordre (d’ouverture), pour des "raisons de sécurité" préventives évidemment :
    http://www.lorientlejour.com/articl...

     

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    • #1516539
      Le Juillet 2016 à 09:32 par réveillez-vous
      Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

      Tellement "parallèle" que c’est le FISTON d’Erdogan lui-même qui s’occupe du bizness avec DAESH

      Mais je suppose que dans l’actuel hystérie pro Erdogan...papounet n’est pas au courant non plus
      d’ailleurs on me souffle à l’oreille qu’Erdogan voudrait faire fusiller son fils pour intelligence avec l’ennemi...

       
  • #1515830
    Le 20 juillet 2016 à 13:10 par Alfred
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    Du coup c’est aussi l’Etat parallèle achète le pétrole des groupes armée, qui envoi du matériel et laisse passer les djihadistes européens en Syrie ?

    Plus c’est gros plus ça passe.

     

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  • #1515850
    Le 20 juillet 2016 à 13:40 par lina
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    Dans ce cas, pourquoi Erdogan arrête les kémalistes ?

    j’opte donc pour la seconde version...

     

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  • #1515904
    Le 20 juillet 2016 à 15:04 par nicolasjaisson
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    Ces observateurs (de propagande ?) ont une mémoire de canari : déjà oublié le soutien indéfectible de la Turquie d’Erdogan aux mercenaires islamistes qui ont mis la Syrie à feu et à sang pendant cinq ans, tout comme l’alliance avec les pétro-monarchies islamistes du Golfe dirigée contre la Russie de Gazprom ou le discours enflammé d’Erdogan au stade de Strasbourg rappelant le glorieux souvenir de Mehmed IV, tombeur de Byzance et vainqueur de la Serbie.Tout d’un coup, Erdogan se jette dans les bras de son rival Poutine, après lui avoir adressé une lettre manuscrite, où il se confond en plates excuses pour le pilote russe abattu. Du jamais vu au pays des fiers conquérants turco-mongols ! La Turquie semble suivre une trajectoire analogue à celle empruntée par l’Egypte des Frères Musulmans conduite par Mohamed Morsi à la ruine. Même si les Occidentaux ne sont pas étrangers au coup d’Etat raté , on ne peut que se désoler devant un pays ruinant ses chances de décollage économique. La résurrection du serpent de mer gazier que Gazprom souhaite relancer en collaboration avec les Turcs semble mort-née, au moment où le Qatar accroît ses exportations de gaz liquéfié vers la France (cf. le nouveau terminal gazier de Dunkerque) et la Russie termine le gazoduc North Stream II avec l’Allemagne, alors que la Pologne reçoit ses premières livraisons de gaz américain. Et que pèse le gaz à côté de l’effondrement des secteurs d’excellence de l’économie turque ? Même si Erdogan s’enflamme pour une alliance régionale avec la Russie et l’Iran, on ne peut que se perdre en conjectures devant les chances de succès d’un rapprochement entre des rivaux de toujours. Surtout au moment où les revenus des rentes tirées des hydrocarbures sont au plus bas, tandis que s’accroît la pression terroriste sur des régimes dictatoriaux aux abois incapables de trouver des solutions de rechange pour faire vivre décemment leurs populations, autrement que par l’aventure militaire pour des motifs douteux.

     

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  • #1515922
    Le 20 juillet 2016 à 15:29 par La pythie
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    Je ne crois pas une seconde à cette explication ! Ce coup d’Etat a été conçu par des amateurs, sinon sa conclusion eut été fort différente...

     

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    • #1515970

      Vous oubliez qu’une donnée a changé, depuis quelques années.

      Avant, l’Etat profond était seul face à des peuples abrutis et désorganisés.
      Aujourd’hui, parfois, il y a tout l’appareil d’Etat russe, en face.

       
    • #1517041
      Le Juillet 2016 à 20:29 par Peter Sellers
      Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

      Prises de quelques ponts en fin de soirée... pendant que les artères principales elles sont laissées libres et permettent à l’état de s’organiser... Aucune tentative de brouiller les antennes des télévisions pro-erdogan ou internet...

      Effectivement à trois heures du matin les putchistes auraient euent au moins un chance plutôt que de parader devant la foule de ce soir d’été... Cinq coup d’état de l’armée par le passé.. faut vraiment prendre les militaires pour les charlots bidasses en vacances...

      vraiment à d’autres..

       
    • #1518305
      Le Juillet 2016 à 11:57 par The Shoavengers
      Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

      Tiens, pour une fois je suis parfaitement d’accord avec vous.

       
  • #1516089
    Le 20 juillet 2016 à 18:59 par réveillez-vous
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    Ne perdez pas de vue le Caucase...et le conflit armé du Haut Karabagh qui a repris il y a trois mois

    Et où les "nouveaux amis turcs " de la Russie soutiennent qui ? A votre avis



     : La Turquie prend le parti de l’Azerbaïdjan, le président Recep Tayyip Erdoğan déclare : « Nous prions pour que nos frères Azerbaïdjanais triomphent de ces combats avec le moins de pertes possibles » et assure que la Turquie soutiendrait l’Azerbaïdjan « jusqu’au bout » Les incidents interviennent en pleine crise russo-turque, bien que la Russie entretient de bonnes relations à la fois avec l’Azerbaïdjan et l’Arménie, elle est l’alliée historique de l’Arménie où elle dispose de deux bases militaires.



    http://www.rfi.fr/europe/20160405-h... ?

     

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  • #1517285
    Le 22 juillet 2016 à 02:40 par Kemalist
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    Je suis un partisan de Vatan Partisi et je suis %100 d’accord avec monsieur Douguine.

     

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    • #1517628
      Le Juillet 2016 à 15:50 par Peter Sellers
      Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

      Selon vous c’est un coup des pieux musulmans d’inspiration soufie de la confrérie de Gulen ? Soixante mille « opposants » mis à disposition du gouvernement es-ce bien suffisant ?

      Les gentils c’est donc les frères musulmans de Erdogan, la CIA et l’Otan ?

      La Turquie néo-ottomanesque est truffée de bases militaires otanesque américaines ; ça va les fils se touchent suffisamment ?!

       
    • #1518345
      Le Juillet 2016 à 12:52 par Peter Sellers
      Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

      J’ai énormément de mal à croire que les Gulenistes (qui n’ont fait que du bien : RENSEIGNEZ VOUS !!!) soit un réseau stay behind... tout simplement car ils mettent en application les enseignements de Said Nursi...

      ...possible qu’ils soient à leur corps défendant (ou pas d’ailleurs) des agents américains, tout est possible... cependant comment ne pas croire dans ce cas que Erdogan est un agent de l’OTAN ??

       
    • #1533178

      Peter vous êtes lourd. Nous disons que l’Otan et les US sont derrière tout ça, et on utiliser votre maître comme torche-cul. D’ailleurs, pourquoi se dernier pourrirez en pensylvannie à votre avis ? Je ne sais pas de quel coin de la France tu écrit mais crois moi, une fois mis les pieds en Turquie, on te coupera l’herbe comme tes 60000 frères :)

       
  • #1518311
    Le 23 juillet 2016 à 12:04 par The Shoavengers
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    J’ai beaucoup de mal à croire cette version idyllique et hollywoodienne.
    N’étant spécialiste en rien, et certainement pas de la Turquie, je me contenterai des faits et de l’observation.
    Premier constat : le reformage complet d’Erdogan en pauvre petite victime. A d’autres monsieur Douguine.
    Deuxième constat : le récit de Dougine semble parfait : présent par coïncidence à ce moment-là, il rapporte (avec son autorisation ?) l’explication du coup d’Etat PAR UN PROCHE D’ERDOGAN, deux heures avant le début de celui-ci. Grandiose.
    Troisième constat : on évacue l’incident de l’avion russe sur les mêmes têtes de turc (fallait que je la fasse).
    Non, franchement, dans un remake de "l’Homme qui en savait trop", ça passe comme une lettre à la Poste.

     

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  • #1518316
    Le 23 juillet 2016 à 12:11 par The Shoavengers
    Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

    Suite de mon commentaire.

    Maintenant, si Douguine nous raconte cette version, la question est de savoir pourquoi ?
    1- Les Russes aident Erdogan à se sortir de toutes les casseroles qu’il traine. En échange de quoi ? Et effectivement, les américains peuvent prendre des mesures de rétorsion, A CONDITION DE CONNAITRE PARFAITEMENT LES PLANS DES TURQUES ET DES RUSSES A L’AVANCE.
    2- Poutine veut profiter de l’occasion pour charger le Titanic Ami-requin©. Et là, il peut y avoir effectivement une main américano-sioniste derrière tout çà, Erdogan et Poutine en étaient informés et ils ont piégé les putschistes en retournant la situation. Banal en géo-politique mais brillant si cela fonctionne.

    Autres hypothèses et motivation non exclues.

     

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    • #1520019
      Le Juillet 2016 à 18:37 par Peter Sellers
      Coup d’État en Turquie : l’analyse d’Alexandre Douguine

      Gog et Magog... prenez ça pour une simple comparaison instructive ou de l’eschatologie. En tout cas l’idée est que malgré qu’ils se battent entre eux ; ils (une élite ?) ont la même volonté asservissement des peuples... Dougine est bien gentil... les russes sont évidement bien plus gentil que les ricains, bien que les américains soient gentils aussi... au final... il est toujours question de domination ? Objectivement les américains sont gentils et pourtant c’est des vrais salopards...

      L’Atlantisme et l’Eurasisme ne sont que des leaderships différents pour un même mondialisme.. notre faiblesse est de croire que l’Eurasime serais moins pire ?

       
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