La Chine développe un satellite pour détecter les sous-marins en plongée
4 novembre 2018 20:43, par JPLe raisonnement de ceux qui pensent avoir détecté en cinq secondes que c’était du bluff, il souffre de l’objection suivante : logiquement, pour un spécialiste occidental de ces technologies militaires, il faudra zero secondes pour détecter le bluff. Et les chinois, qui ne pouvaient pas ignorer cela, auraient donc délibérément choisi de se ridiculiser....
Donc ce n’est pas si simple...
L’argument de @H. K. Daghlian est parfaitement sérieux si l’on prétendait avec le LIDAR obtenir du premier coup une image du sous-marin. Mais c’est ici que le "big data" intervient.
Notons d’abord que "big data" est une expression à la mode, mais inappropriée ici. En réalité, il s’agit de traitement du signal, technique déjà utilisée depuis moultes décennies. Il est vrai, en passant, qu’il y a bien des points communs entre "big data" et traitement du signal (et aussi avec l’analyse statistique), le principe fondateur étant identique : en accumulant les données observées, et en faisant chauffer la calculette, on arrive à extraire une information qui était jusque là cachée dans le bruit informationnel.
Le traitement du signal permet d’annuler l’effet de la dispersion des photons. Illustrons la situation avec quelques chiffres inventés pour l’exemple : sans dispersion lumineuse, l’image du sous-marin serait un fuseau de 15 mètres de large, avec une luminosité variant de 30% relativement au fond de l’image. Avec la dispersion, le sous-marin est représenté par une tache aux limites floues, de 150 mètres de large, dont la luminosité ne diffère du fond que de 0,3% (absolument imperceptible par l’œil humain). Mais cette dispersion est modélisable selon des formules assez simples. On peut donc concevoir le traitement mathématique qui sera appliqué à rebours sur l’image floue pour restituer le contraste original (techniques de convolution et déconvolution).
Le vrai challenge technique est celui-ci : capter proprement une variation lumineuse de 0,3%. Il ne faut pas que le bruit dans l’image ait le même ordre de grandeur (problème du rapport signal/bruit). C’est ici que la répétition des prises de vue, et leur sommation, permettra de récupérer un rapport signal/bruit acceptable. Parallèlement, le bruit généré par l’appareillage électro-optique et électronique est très diminuable, en y mettant le prix.
Ce n’est pas de la science-fiction, ces techniques s’utilisent depuis longtemps en astronomie