1981 : reportage sur l’argot français
21 novembre 2018 16:23, par listener
L’argot suppose une frontière. Il fait apparaître le double fonction du langage : d’abord être comprise par un nombre restreint de locuteurs et, corollairement, n’être pas comprise par un nombre immense de non locuteurs. Il a donc en lui-même une "vis comica" en raison de la tête que font ceux qui ne comprennent pas.
Toute langue a en elle-même donc une fonction argotique. N’oublions pas que l’Académie Française elle-même a été créée par Richelieu par mesure de police pour mieux asseoir la censure et pour que l’on ne joue pas avec le sens des mots c’est à dire argotiser. Cela a donné la langue de cour (que nous parlons actuellement, et qui n’est enrichie que par les vocabulaires spéciaux et techniques) mais est figée depuis le XVIIème. Un auteur comme Racine a un vocabulaire très limité, ce qui avait l’heur de plaire au roi. Le sens des mots est bloqué de plus par la soumission assez pédantesque à l’étymologie gréco-latine.
C’est ce que les anglais n’ont pas. Leur langue est mal fixée. L’anglais est donc un argot germanique sorti des bordels, des soutes et des entrepôts portuaires. .