Mon Père est en relation avec des gens, qui gagnent magnifiquement leur vie, entrepreneurs, industriels, négociants, banquiers, épiciers et bouchers. Toutes ces brutes se déclarent satisfaites, cela ne lit presque jamais ou seulement un mauvais livre, cela calcule en évitant de réfléchir, cela travaille et jouit durement, ce sont les forces vives de la nation, le monde est plein de pareils hommes et beaucoup les envient, en souhaitant de prendre un jour leur ressemblance. Les voilà, pourtant, ceux qui poussent à la catastrophe, plus que les Nihilistes, qui s’en vantent !
Ma confession, albert caraco, éd. l’Âge d’homme, 1975, p. 90 (1975)
j’y voit un nihilisme existentiel (*) caractérisé par le refus d’être ce que les autres deviennent afin d’améliorer ce que je suis en m’éloignant inexorablement de ce que je fus
je suis quelqu’un parce que je refuse le salariat et les embouteillages, A Soral a raison, n’en déplaise, d’ailleurs ceux qui souhaites "être quelqu’un" sont copieusement "schlagués"
"bof il ne vaut pas grand chose, c’est un rêveur, et comme tous les rêveurs il est feignant "
(*) Le nihilisme existentiel n’est pas un nihilisme philosophique (le nihilisme de la disparition de la transcendance chez Nietzsche et Sartre), politique (Tourgueniev) ou littéraire (Céline) c’est un nihilisme lié à l’être et à la perte de familiarité du monde et du contact vital avec la réalité lorsque l’individu n’habite plus le monde mais est colonisé par lui