France Algérie, acte III ?
Le diagnostic alarmiste de Bernard Lugan me parait pertinent sur de nombreux points. D’accord avec la fracture entre arabisme et berbérisme. L’islamisme avec sa composante salafiste est un facteur exogène récent ; même si le mal est bien installé, avec les parasites en cause effectivement en embuscade pour réactiver la fièvre.
Le tropisme européen est également une donnée non négligeable.
La colonisation française a cimenté les multiples tribus en une jeune nation multiculturelle. Si la guerre d’indépendance a conduit à un resserrement communautaire, elle a affermi un patriotisme, activement entretenu par un pouvoir post colonial dans sa tentative de légitimation. Ce patriotisme bien ancré dans la jeune génération et dans la diaspora sera-t-il suffisamment fédérateur pour surpasser les clivages identitaires, régionalistes, religieux ?
En dépit des brutalités et les injustices de la colonisation, les populations ont majoritairement aspiré à faire corps avec l’Empire français. Avec l’espoir d’être à terme intégrés, la coopération avec la nouvelle puissance occupante fut rapide.
Nonobstant les rivalités et confrontations entre tribus, l’islam constituait un liant culturel multiséculaire. La France, alors en pleine bataille sur la laïcité, peina à concilier cette question religieuse avec le principe d’assimilation.
Les français ont alors négligé la position sociale singulière dévolue aux juifs autochtones, maintenus dans un quasi esclavage. Aussi, les traitements privilégiés dont ils bénéficièrent, particulièrement avec la naturalisation / décret Crémieux, fut source considérable de vexation pour les musulmans. L’arrivée en nombres de juifs français déjà émancipés, suivi d’une d’une immigration de juifs étrangers, inversa les rapports de domination, du fait d’une supériorité numérique dans les centres de décision. Leur emprise croissante dans les cercles de pouvoir, tant en Algérie qu’en Métropole, leur donnèrent les moyens d’une revanche impitoyable, avec une incidence certaine dans l’empêchement pour les musulmans d’accéder à la pleine citoyenneté. L’entretien d’une rancoeur, ferment d’une aspiration indépendantiste, que les autorités françaises n’ont pas déminée.
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