Quand Poutine partira, le "poutinisme" perdurera-t-il ?
13 mars 2019 15:07, par marlon branleuxPoutine est un bon dirigeant (par rapport aux dirigeants occidentaux) car il est westphalien, il essaie d’assurer les objectifs de la Russie sur le long terme en s’assurant que tout le monde ait gain de cause lorsque l’on négocie avec lui...c’est bien ce que ne supportent pas les occidentaux : avoir affaire à un dirigeant qui ne se soumet pas mais ne se conforme pas non-plus au story-telling que l’occident veut imposer pour continuer à être l’éternel héros de l’histoire. A savoir, que Poutine soit un tyran, une caricature de fasciste, qui affame son peuple et maltraite les homosexuels, etc.
Un exemple : au lendemain du coup d’état à Kiev, Poutine aurait pu envoyer ses troupes afin de protéger les minorités russophones qui ont été massacrées ... S’il n’avait pas bougé, ça l’aurait perdu aux yeux de son propre peuple, il serait passé pour un mous, s’il avait attaqué : il serait passé sur la scène internationale pour un monstre. Or, il a évité ce piège, très pharisien, en se taillant lui-même son propre chemin à la jonction de ces 2 extrêmes : ne pas s’ingérer dans les affaires ukrainiennes, mais laisser les éléments les plus pan-slavistes de son peuple, aller au Dombass soutenir la rébellion.
Pareil dans le nord de la Syrie quand l’aviation turque a abattu un avion russe au-dessus du sol syrien (ce qui constituait une agression) : il aurait pu rompre les relations avec Erdogan et se compliquer la tâche en Syrie, il aurait pu ne rien faire et encourager les éléments les plus bellicistes de l’armée turque recommencer ; il s’est contenté d’informer Erdogan que l’on allait chercher à l’assassiner et à le remplacer et lui permit ainsi de se préparer à la tentative de coup d’état. Cela a permis ainsi aux russes de ne pas bêtement se mettre tout le monde à dos comme l’ont fait les américains en 2003 en Irak.
Sans Poutine, l’occident pourrait faire face à un dirigeant russe soit plus malléable (comme Medvedev), soit qui tomberait dans les pièges qui lui seraient tendus (surtout s’il s’agit d’un communiste ou d’un nationaliste).
Le jour où Moscou aura un dirigeant qui tapera du poing sur la table et sera menaçant, surtout face à un équivalent de Fabius (ce sera tentant) : nos dirigeants, apeurés, risquent forts de se rapprocher encore plus du maître américain ...
Il faudra que Poutine sorte de l’hypocrisie républicaine et établisse une monarchie à vie, seul moyen pour empêcher la bourgeoisie mondialisée de tenter de déstabiliser la Russie à la moindre occasion.