Delon, le dernier géant, cerné par les nains de la bien-pensance
15 mai 2019 14:48, par Prosper Youplaboum
On ne donne pas un prix de vertu à Alain Delon (d’ailleurs ces moralisateurs pourraient ajouter à la liste de condamnations qu’il a tué des gens lors de la guerre d’Indochine...) mais un prix pour ce qu’il a créé en jouant au sein des oeuvres des cinéastes (c’est l’un des rares acteurs à créer une oeuvre dans l’oeuvre, d’où sa place qui n’est pas celle d’un acteur de téléfilm) : Alain Delon a dessiné une figure à travers ses rôles, qui n’est peut être pas lui dans la vie mais qui traverse toutes sortes de cinémas et d’univers qu’ont façonné touche après touche, chaque metteur en scène, complétant cet autoportrait physique et moral qu’il tient à laisser, toujours un beau type qui se méprise, hyperfragilisé et paranoïaque, froid et faible, sacrificiel et solitaire, souvent meurtrier cherchant masochistement la déchéance physique et morale, et surtout qui, ravagé par un complexe d’identité, se met suicidairement en quête de son double, afin de rencontrer enfin quelqu’un qu’il pourra remplacer ou qui pourra le remplacer.
A noter qu’en chinois, Alain Delon, ça fait 阿兰•德龙, A lan . De Long. Et ce « De Long », en chinois, signifie « vertueux dragon ».