La Russie va-t-elle développer deux bases navales en Iran ?
8 août 2019 13:33, par nicolasjaissonLa mythologie occupe une place importante dans la politique extérieure et intérieure de la Russie. L’arrêt des négociations avec le Japon pour conclure un traité de paix et régler la question des Kouriles est assez parlant de ce point de vue, malgré les déclarations fracassantes de Poutine parlant très sérieusement de la construction d’un pont suspendu et de la restitution de certaines îles perdues par le Japon en 1945. La coopération entre l’Iran et la Russie en matière de contournement des sanctions visant à interdire l’exportation de pétrole iranien a été stoppée net depuis plusieurs années. Pourtant, il fut une époque où Gazprom achetait de larges quantités de pétrole iranien qui était ensuite écoulé sur les marchés internationaux. On a du mal à comprendre pourquoi la Russie se rapprocherait de l’Iran, malgré l’énorme cadeau de la Caspienne fait aux Russes, alors même que la coopération de la Russie avec l’Arabie Saoudite et la Turquie bat son plein. Contrairement à l’Iran, l’Arabie Saoudite a pu acheter des batteries de S400 sans coup férir. La Russie construit des centrales nucléaires et solaires dans ce pays et participe au développement de la "smart city" NEOM dans le golf d’Aqaba avec l’aide de startups israéliennes directement intéressées par la construction d’un carrefour de communication reliant les pays du golfe à l’espace méditerranéen. La collaboration active entre les deux pays pour contrôler le prix du pétrole n’est plus un mystère pour personne. Autre fait important : l’Iran et l’Inde développent en commun des infrastructures portuaires, le port de Chabahar pour ne pas le nommer, débouchant sur la Mer rouge. Ce port rivalise directement avec le corridor pakistanais que la Chine a aménagé pour servir de point d’entrée à ses marchandises vers l’Asie centrale et les pays eurasiatiques. Le projet indien est regardé par les Etats-Unis comme une pièce maîtresse dans la résolution du conflit en Afghanistan, dont le désenclavement permettrait de revenir à une situation plus pacifiée. La Russie se poserait donc comme protecteur de projets qui rivalisent directement avec les visées géopolitiques chinoises dans la région et les siennes propres.