Comment les Houthis ont renversé l’échiquier
25 septembre 2019 19:32, par JPComme d’hab, l’auteur Pepe Escobar est très bon pour l’analyse politique. Par contre, il est souvent inconscient techniquement. (j’attends toujours des nouvelles des gisements de terres rares en Corée du Nord qu’il nous avait annoncés l’an dernier).
Ici, il s’égare :
"En théorie, le radar Patriot aurait dû les repérer et les abattre. [...]. Les experts militaires s’accordent généralement à dire que le radar du missile Patriot est bon, mais en réalité, son taux de réussite est « contesté », pour dire le moins.
Escobar fait une complète confusion des problèmes techniques :
1-Non, le radar des Patriot n’aurait pas du les repérer. La raison en est qu’il est conçu pour voir des avions ou des missiles balistiques qui volent en hauteur. Comme le radar est basé au sol, il est par conception aveugle aux petits engins volant en rase motte.
2-ce n’est pas le "taux de réussite du radar" qui est contesté. Si Raytheon était incapable de faire un radar, cela se saurait, vu qu’ils équipent la moitié de tout ce qui flotte sur l’océan. La cause de la médiocrité du Patriot est en aval de son radar. C’est son missile anti-missile qui n’est pas un champion.
3-sachant que même le meilleur des radars anti-missiles ne pourra jamais arrêter ces drones en rase-motte, préconiser un S-400, c’est n’avoir rien compris au film.
"Ce qui est important, encore une fois, c’est que les Houthis disposent de missiles offensifs avancés. Et leur précision à Abqaiq était inouïe."
Non, rien d’inouï mais juste l’imprécision du GPS, quelques mètres.
Elle se voit très bien sur la vue satellite des impacts des réservoirs-citrouilles, qui ont quand même 30 mètres de diamètre.
Et ça se vérifie également sur les colonnes, dans la photo juste sous le titre de l’article : on voit selon l’angle d’arrivée du missile, et on comprend qu’il n’a pas été programmé par hasard : Avec seulement 30° entre la trajectoire du missile et l’axe d’alignement de la rangée des tours, les passages libres entre les tours sont bouchés. Ainsi un missile qui raterait la colonne visée, tapera automatiquement dans une colonne voisine, et les quelques mètres d’imprécision du GPS n’auront aucune conséquence. Ainsi le journaliste s’esbaudit de voir la tour tapée avec une inouïe précision, n’imaginant jamais que c’était peut-être la tour voisine, intouchée, qui était programmée sur le GPS.