Roman Polanski violeur : le "J’accuse" de Charlotte Lewis
22 novembre 2019 11:16, par Marcus"Cette affaire Dreyfus, d’ailleurs, dont j’ai parlé fort à contre-cœur, uniquement à cause de Zola, est, sans contredit, une des plus étranges du monde. Je ne dis pas des plus grandes, mais des plus étranges.
De même que les catastrophes célèbres, elle a servi à cribler les âmes. Déchet immense, épouvantable. On a su le nombre infini des imbéciles, des lâches, des renégats, des esclaves, des prostitués, des bourreaux, et que ce nombre est également réparti des deux côtés.
Comme si quelque chose de profond et de tout à fait intime était en danger, on a vu des multitudes perdre la raison, non seulement en France, mais en Europe et par toute la terre. Je cherche une époque où le délire du mensonge, de la sottise furieuse et de la férocité hypocrite ait été plus universel.
Tout cela dépasse infiniment le capitaine juif et ressemble au prodrome du Cataclysme. Depuis que l’immonde et stupide procès de Rennes est fini, comment douter que le malheur de cet homme ait été un prétexte pour les deux sortes de chiens qui se disputent la France à coups de gueule.
Le captif de l’îlot du Diable rendu à sa famille et buvant du lait n’intéresse plus personne. Nul ne parle plus de lui. La machine de guerre a cessé de fonctionner, l’ustensile est au rancart ; mais chaque troupe de maudits a gardé sa position de combat, sa ligne de bataille.
Et l’oubli complet de ce nom de malheureux dont on avait assourdi la terre, le silence venu soudain, après une si énorme clameur, ont je ne sais quoi d’effrayant.
On attend QUELQU’UN."
Bloy, "Je m’accuse"
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