Crise à l’école : "On ne forme plus à penser, alors les élèves se contentent de croire"
7 janvier 2020 23:27, par MariaAprès 25 ans de vie active, titulaire d’un M2 en droit, je suis passée par la case pôle emploi. Après un an de recherche (du St Graal ?) et inapte à traverser ma rue, je me suis résignée à enseigner le droit et l’économie en tant que vacataire. Alimentaire ? oui assurément... moi, qui issue d’une famille modeste était passionnée par les études et la lecture, suis horrifiée de la misère intellectuelle de mes élèves et de la suffisance de mes "collègues" persuadés d’être les détenteurs du savoir.
L’un de mes fils est dyslexique, ce qui impacte la qualité de ses copies, je lui ai souvent reproché la pauvreté de son français. A la lecture de certaines de mes copies de terminale ou de BTS, je pense avoir été très injuste envers lui. Tous les éléments propres à ce qu’on attend d’un élève, d’un étudiant ou tout simplement d’un citoyen sont absents, la capacité de lire et de comprendre des textes simples, de les paraphraser, de construire une phrase ou d’argumenter, la curiosité intellectuelle, la capacité de s’interroger ou d’analyser de manière systémique ou tout simplement de rédiger sans faire 75 fautes par copie (..ou plus j’ai arrêté de compter...).
Quant aux programmes, je me marre, je suis vacataire, j’applique, point barre, parfois les objectifs pédagogiques et les notions (savoirs) sont si insipides et creuses que l’on ne se pose même pas la question, on applique...mécaniquement.
C’est alimentaire... certains collègues y croient à hauteur de leur 2500 euros nets, certains atteignent peut être l’orgasme académique voir l’illusion de la grandeur de leur petit orteil... moi pas.
J’ai été "inspectée" 6 fois en 3 mois, les conseils prodigués sont à mourir d’ennui, anachroniques et ridicules, aucun inspecteur ne prend en compte l’abrutissement général de la classe (et de l’éducation nationale), tout repose sur le prof, ou du moins sa pédagogie c’est à dire la forme (la didactique,c’est à dire le fond est creux)... cause toujours.
Je n’oserais pas dire que j’apporte mon caillou à cet édifice branlant car malgré mon enthousiasme factice et ma culture générale, je pense intéresser 5% de mes élèves dans le meilleur des cas. Parfois pendant les "pauses", je m’intéresse à leurs intérêts, leurs convictions.... rien.... le vide c’est à dire H&M, Twitter, Instagram.
C’est alimentaire...mais je ne pense pas tenir longtemps, ce boulot est chi*** à mourir. C’est la mort cérébrale tant pour les élèves que pour les profs.
Liberté, égalité, débilité !