La France, une dictature travestie en démocratie ?
19 avril 2020 10:56, par La BoétiePlaton, La République (Introduction)
Au troisième degré de décadence de la Cité idéale correspond la démocratie. L’opposition entre riches et pauvres grandit chaque jour, sans que la classe dirigeante, uniquement soucieuse de s’enrichir, se préoccupe d’en conjurer les redoutables effets. La démocratie sera d’abord définie comme le gouvernement des pauvres. La passion démocratique par excellence, c’est la liberté comprise comme le rejet de toute hiérarchie, c’est donc un égalitarisme forcené. C’est l’inversion totale de la cité idéale, puisque les fonctions ne sont plus déterminées par des capacités, mais par la ruse ou le hasard. La démocratie, c’est l’égalité des inégaux, le nivellement des capacités et des fonctions. Pour se maintenir au pouvoir, il faudra recourir à la démagogie, i.e., plaire. Or, pour plaire, tous les comportements sont acceptables. L’homme démocratique inverse toutes les valeurs par sophistique :
Insolence -> éducation libérée
Anarchie -> liberté
Licence. -> magnificence
Effronterie -> courage
Pudeur. -> imbecillité
Tempérance -> lâcheté
Modération -> rusticité
Mesure -> démesure
L’homme démocratique refuse de se refuser quoi que ce soit. C’est l’homme du divertissement. Il pourra même lui arriver de faire de la philosophie, de vouloir l’ordre, mais cela ne dure pas, parce que ce qu’il désire par-dessus tout, c’est le mouvement continuel.
L’étape ultime de la décadence politique est la tyrannie. Le futur tyran est un démagogue qui se propose de protéger le peuple. Il se crée une clientèle en proposant l’abolition des dettes, le partage des terres, l’exil ou la mise à mort des riches. Il se construit une garde personnelle, et opère un coup d’Etat. Il séduit et rassure tant que son pouvoir est mal assuré, puis impose ses décisions par la violence quand son pouvoir est confirmé. Il élimine l’élite intellectuelle, et tous ceux qui ne sont pas des suppôts de son pouvoir. Quand le peuple se révolte, le tyran fait instaurer une terreur généralisée.