Pour l’homme de l’antiquité, un Dieu n’était pas un modèle moral : c’est un autre être.
Evidemment, tout est bien différent pour celui qui réduit la « vertu » à une simple disposition morale, un phantasme intérieur cultivé par un âme médiocre et craintive.
Il est bien alors de dire « mon royaume n’est pas de ce monde », et d’attendre qu’une force d’en-haut récompense les « vertueux » qui, sans aucun pouvoir dans cette vie, ont préféré souffrir et supporter avec humilité et résignation, l’injustice.
L’esprit viril de l’homme classique a toujours méprisé de semblables évasions : il les a méprisées avec la cohérence d’une conception métaphysique.
« Il y a celui qui est sans armes. Mais celui qui a des armes combat – il n’y a pas un Dieu qui combatte pour ceux qui ne sont pas armés. La loi veut que la victoire soit, en temps de guerre, aux valeureux : non à ceux qui prient. Que les vils soient dominés par les mauvais – c’est juste ».
Evola, "La virilité spirituelle"