Ce prêche reprend les contradictions inhérentes au contrat social républicain : il n’est pas possible de se révolter contre une règle injuste, sans remettre en question le "contrat social" dans son ensemble. Dans l’architecture sociale actuelle tout repose sur la volonté générale représentée par l’Etat et les corps constitués qui absorbent les volontés individuelles au nom du principe de la représentation populaire en la personne des gouvernants et des législateurs. L’individu ne pense et n’existe qu’en fonction des droits qui lui sont attribués par l’Etat qui est le dépositaire de la volonté collective et du bien commun. L’individu ne trouve ainsi son existence que dans sa conformité à la volonté publique qui lui enjoint de renoncer à sa volonté propre pour la sublimer dans une sorte d’idée générale de progrès indéfini qui le condamne à penser et agir en fonction des lois qui le rende vertueux par le sacrifice de sa raison propre à la raison collective. Donc se rebeller c’est se retrouver en porte-à-faux avec le corps social qui lui enjoint automatiquement de renoncer à son être propre pour retrouver le sens de la volonté collective jugée moralement plus élevée. Pris dans ces contradictions, le clerc ne sait plus où donner de la tête prise entre la dénonciation de l’absurdité d’un ordre étatique et sa soumission à un système de valeurs qui lui défend de se rebeller contre les injonctions supérieures. Ainsi a fini le mouvement des "gilets jaunes" qui cherchait son salut dans l’extension des droits reconnus par l’Etat à ceux dont l’indigence réclamait une réaction du corps social. Ici encore la solution doit passer par le corps social incarné par l’Etat qui naturellement ne peut pas se nier lui-même, en dénonçant ses propres méfaits qui ne peuvent être dus qu’à une imperfection de la structure collective de gouvernement. Le pacte républicain demande une confiance éperdue des citoyens dans les institutions républicaines qui ne peuvent se tromper ni nous tromper en vertu de la sagesse immanente à la volonté générale provenant de l’état de nature originel ; La révolte se retrouve donc sans bras et sans tête, sauf à dénoncer l’idéologie collectiviste ambiante, ce qui peut paraître un défi insurmontable à nos clercs qui se dresseraient de prime abord contre leur hiérarchie avec toutes les conséquences que cela impliquerait.