Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po
2 juillet 2011 18:37, par yassine Aliand
Bonjour,
avec le recul, l’IEP de Paris reste une occasion d’échanger des idées et de construire une conscience politique mais il faudrait pouvoir compléter avec une littérature dite subversive qui par principe, ne peut totalement être admise dans cette enceinte. Les étudiants y sont encore animés d’un certain sens du service public (promo 1999). Mais cela s’accompagne aussi d’un sentiment d’appartenance à un système, lequel est aujourd’hui affaibli par la crise identitaire et la critique croissante qu’il subit. En particulier, l’IEP n’est plus au service de la France, mais bien d’institutions (sociétés multinationales, organisations internationales, etc) qui trahissent sa philosophie fondatrice (le renouveau après la défaite de Sedan).
Je retiendrais deux critiques principales envers cette institution :
on y forme des techniciens plutôt que des "chefs". or le chef est un humain meneur d’hommes au sens noble du terme alors que le technicien n’est que le spécialiste consciencieux d’un processus qui le dépasse. Conclusion, les gens formés à sciences-po ne sont pas la vraie élite puisqu’ils ne sont pas supposés capables de régénérer les processus. Ils sont au mieux officiers, pas chef de tribu. Le chef peut changer le totem, déplacer le camp ou le champ de bataille, inaugurer de nouveaux mécanismes, etc...Or, ce n’est pas la vocation de sciences-po en dépit de l’image qu’il cherche à projeter. Les chefs sortent des épreuves de la vie, pas des bancs d’écoles.
les enseignements sont quand même relativement superficiels et courts (d’où l’intérêt d’une formation complémentaire en université), les prérequis y sont considérés acquis (d’où l’avantage de départ des gens de bonne famille), un certain nombre d’outils dialectiques (comme la logique ou l’épistémologie, la méthode de recherche, etc) n’y figuraient pas (à l’époque en tout cas). Or ce sont là des outils indispensables à toute réflexion indépendante. Ce n’est donc pas l’objectif principal du cursus dispensé.
Mais à tout prendre, l’IEP reste une formation intéressante (surtout si elle est précédée d’une formation scientifique et complétée par une formation universitaire ce qui peut paraître exigeant !!!).
En tout cas, conquérir l’IEP (surtout Paris) est un défi à relever et il passera par la production d’une littérature adéquate et la mise au pas intellectuelle de certaines escroqueries qui y ont pris racine. Aux armes citoyens ! Formez vos bataillons !
Bien à vous