Merci pour cet article.
Comme l’écrivait Illich, la santé est la première autonomie qu’on nous a enlevé.
Autrefois, on se soignait en famille, grâce à l’expérience et aux transmissions des générations passées. Progressivement, l’idée que l’être humain est imbécile face à ses symptômes a été intégrée, et les "remèdes de grand-mère" à base de plantes discrédités.
Aujourd’hui, dans une société individualiste aux valeurs familiales éclatées, nombreux sont ceux qui n’ont plus personne pour prendre soin d’eux, à qui se confier. Alors que l’écoute active est bien la première étape du soin à proprement parler, l’anamnèse est toujours la base d’un diagnostic.
Le patient en rétention émotionnelle devient de plus en plus malade, on lui prescrit des cachets qui agissent vite, alors il consomme : il a l’impression d’être actif dans son processus de guérison, et en plus il se croit soulagé... jusqu’à ce que d’autres symptômes apparaissent. Il n’a pas le temps, et au fond, il n’a pas envie de creuser pour savoir ce qui le rend malade, car ça le ferait souffrir encore plus, et il supporte de moins en moins la souffrance. Il ne veut pas guérir (car il a peut-être aussi des bénéfices secondaires à être malade) mais il veut être soulagé, et tout de suite. C’est son droit, son dû.
En formation en soins infirmiers, j’étais convaincue que j’allais soigner et soulager les gens. Nous étions conditionnés comme les médecins : signe -> maladie -> médicament. Jamais on ne nous a parlé de Béchamp, ou de Benveniste.
J’ai entretenu l’illusion "d’être utile au gens" tant bien que mal au début de ma pratique, mais au bout de quelques années, force a été de constater que j’étais, en fait, carrément délétère. (Je dis "je", mais j’englobe tout le système hospitalier, et le système de formation des médecins et soignants). Finalement, c’est grâce au covid que j’ai pu "sortir de la secte".
Alors oui, je souhaite de tout mon coeur un retour en force du "nihilisme thérapeutique", j’essaie d’oeuvrer autour de moi en ce sens, sachant qu’effectivement, ce n’est pas "attendre tranquillement que ça passe" mais au contraire "mettre les mains dans le cambouis" pour virer le mal à la racine.