Entretien avec le général Delawarde : parcours militaire et nouvelle notoriété
5 janvier 10:29, par PhiddipidèsDans son comparatif entre soldats professionnels et appelés, le général Delawarde omet (volontairement ?) un "léger" point de détail : il n’y a jamais eu un seul appelé engagé dans les Balkans ! Les soldats qui ont été engagés en Bosnie ou ailleurs étaient soit des engagés, dont une grande partie trouvaient d’ailleurs leur origine dans la conscription à l’exception des légionnaires, soit des "volontaires service long" donc des jeunes également issus de la conscription qui avaient signé un contrat d’engagement. La seule différence tenait dans la durée des contrats : 3 à 5 ans pour un engagé normal, 6 mois ou 1 an pour un VSL.
La mise en place de ce statut de VSL, qui a duré le temps de la finalisation de la professionalisation des Armées, répondait d’ailleurs à une des raisons majeures qui a conduit à cette professionalisation : l’inemployabilité des appelés en opérations si la France en avait eu besoin. En effet, et c’est une des conséquences de la guerre d’Algérie, aucun politique d’alors n’aurait jamais eu le courage d’assumer la mort d’un seul appelé en opération ! En clair, jusqu’à la fin des années 80, nous avions une armée de 560000 hommes dont seule la portion congrue des unités professionnelles, comme la guerre du Golfe l’a mis en lumière, pouvait être engagée au combat sans délai. Le reste, les appelés, étaient cantonnés à balayer les casernes, à s’entraîner dans les camps de manœuvre champenois et à défiler au 14 juillet.
Ceci dit, et là je rejoins le général Delawarde, ce constat n’enlève rien aux qualités de soldats dont faisaient preuve une partie, et seulement une partie, des jeunes gens qui effectuaient leur service militaire ni à l’évident caractère de favorisation de la prise de conscience à un destin commun du même service militaire.
Le problème est que le statut d’appelé ne permettait pas, en terme de finalité opérationnelle, de répondre aux exigences de la défense du pays. Et la mission centrale des forces militaires était, est et sera toujours demain de préserver les intérêts vitaux de la Nation par les armes pour ce qui concerne leurs spécificités propres.
En conclusion, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la mode actuelle qui tend à remettre sur la table un éventuel service militaire pour tenter de régler les problèmes d’éducation ou d’assimilation que les familles et l’EN n’ont pas été foutus de solutionner n’aboutira à rien. La seule question qui vaille est : "Qui est prêt à mourir pour son pays ?"