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Peur sur la ville

"Terrorisme", "crimes contre l’humanité" : les catégories d’un système de domination

Cette note, rapide, pour informer, s’il est besoin, de la situation juridique au regard des attentats qui viennent de se produire hier, vendredi 13 novembre 2015 à Paris.

 

Précaution liminaire

D’abord et avant tout, ne pas oublier que nos réflexions à tous sont conditionnées par des mois et des mois de répression aveugle sous le prétexte d’apologie de terrorisme. Nous avons vu, autour de l’affaire Charlie, comment ce terme vague était interprété par les magistratures (assise et debout). Alors que le projet de loi de décembre 2014 promettait de ne pas réprimer de simples abus dans l’exercice de la liberté d’expression, mais de ne s’attaquer qu’à la propagande directement promotrice du terrorisme, en réalité on a, sur le fondement de cette loi, poursuivi, condamné et puni des malades mentaux, des ivrognes, des enfants et des adolescents, des idéalistes, des intellectuels et des artistes au-dessus de tout soupçon d’appartenance à une organisation terroriste et aux antipodes de toute connivence avec celles-ci. L’affaire Charlie a été l’occasion de mesurer, avec une certaine horreur, le degré d’intoxication idéologique dont sont victimes la grande majorité de nos contemporains.

Et dans la journée même de ce vendredi 13, ce rouleau compresseur répressif n’est pas à l’arrêt, puisque, illustration supplémentaire, on venait précisément d’apprendre qu’Alain Soral faisait l’objet de poursuites pour « apologie de crime contre l’humanité ». Sur le fondement d’un message qu’il aurait posé sur son mur Facebook, page privée. On n’a pas trace de ce message, mais on se contente, pour le poursuivre, de le deviner, au vu des commentaires dont il aurait fait l’objet (un friend demande « quel boulot ? », et un autre lui répond « l’extermination des juifs »). Quelque chose qu’il aurait écrit à propos des époux Klarsfeld, au sujet de leur décoration de l’ordre du Mérite en Allemagne. Cinq ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende sont encourus pour cette seule phrase, qui, encore une fois, est supposée, et surtout, quand bien même elle serait attestée, ne peut même plus, dans le climat actuel, faire l’objet du moindre commentaire.

Par conséquent, il est établi que le système répressif est au point, et a pu le faire savoir à tous. Nous avons compris qu’il ne frappait jamais qu’à côté de la vraie cible. Dont acte.

 

Commentaires

Je ne trouve rien à enlever au commentaire que j’ai publié ici même le 7 janvier de cette année, « Bal tragique à Charlie Hebdo : douze morts », auquel je renvoie, car il a très bien vieilli.

J’ajoute simplement, au sujet du terrorisme, deux remarques, tirées des recherches que nous avons pu conduire, en France et en Syrie :

1. Parler de terrorisme c’est déjà du terrorisme. Un État dans la forme classique, un État digne de ce nom, pièce d’un ordre international authentiquement fondé sur le droit, respectueux de la souveraineté, un tel État s’interdirait l’emploi de ce terme. On peut parler de criminalité. On peut désigner les crimes en question : meurtre, destruction, coups et blessures, jusqu’aux violences légères, on peut, surtout, viser les commanditaires, les provocateurs et tous ceux qui sont les vrais responsables de la situation, mais, parler de terrorisme et de terroriste, c’est faire le jeu de la subversion de l’ordre, un ordre à la fois intérieur à l’État et international. Voilà qui ressemble à une dénonciation, non pas devant les tribunaux, mais devant l’opinion, et pour l’histoire. Les gouvernants qui emploient le vocable et qui y accrochent des législations d’exception sont soit dans l’erreur, soit criminels.

2. Tous aussi criminels, dans le droit fil de ce propos, ceux qui parlent de héros, de rebelles (fussent-ils « modérés »), de résistants ou de combattants pour désigner des gens qui mènent les hostilités de manière irrégulière au regard des lois et coutumes de la guerre, et qui objectivement se conduisent exactement comme des « terroristes », et ne peuvent se distinguer de ces derniers que par la cause de leurs actes. Lorsque la cause est jugée moralement juste, tout serait permis, mais lorsque la cause est condamnée, rien, et l’on vous fera payer même la balle de fusil qui vous abat.

Nous avons montré, dans un récent article, comment la réflexion peut s’orienter maintenant autour de l’articulation des catégories de crime contre l’humanité et de terrorisme, quel couple pervers elles constituent pour la subversion de tout ordre mondial digne de ce nom, comment elles sont constitutives d’un système de domination nouveau, qui n’est véritablement là que depuis Nuremberg, et qui durera le temps de notre asservissement.

Damien Viguier
Avocat – Docteur en droit

 

Visiter le site de Maître Viguier : www.avocats-viguier.com

Voir aussi, sur E&R :

Du même auteur, chez Kontre Kulture :

Sur la fonction objective du terrorisme, chez Kontre Kulture :

 
 

Livres de Damien Viguier (28)







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24 Commentaires

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  • #1318803
    Le 15 novembre 2015 à 10:36 par Marde
    Peur sur la ville

    Hier soir sur TV5 Monde j’ai entendu le Pr de Sciences-Po, invité de circonstance, en présence de Trividic, juge intègre mais tenu par les couilles pour je ne sais quelle raison, rattacher ouvertement Dieudonné et Soral ainsi que ceux qui partagent leurs opinions, à l’Islam radical !
    Personne sur le plateau n’a bronché !
    La France est vraiment dans le pétrin !
    Je suis allé me coucher.

     

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  • #1318830
    Le 15 novembre 2015 à 11:09 par Steve
    Peur sur la ville

    Oui, peu importe le prétexte pour lequel les forces constituées ficheront ceux qui avaient déjà abordé le sujet. Dans un souci de paraître innocent et, surtout, de faire semblant de relancer le débat dès la racine, la meilleure preuve de l’indigence intellectuelle des journalistes est, une fois de plus, le fait qu’ils mettront des semaines à venir aux vraies questions ! De la à penser qu’ils sont briefés pour laisser l’amalgame se faire, laisser l’opinion publique accuser et vandaliser les musulmans, si, bien-sûr, certains citoyens y sont mêlés, et non pas des groupuscules sous contrôle de la police politique, il n’y a qu’un pas. Cercle parfait pour boucler, les musulmans ne se tenant pas dans la ligne dominante, ou plutôt, dominée, les internautes radicaux ou opposants, et en dernier lieu, les groupes de jeunes, identitaires ou remettant en cause, la version scolaire et étatique des événements. Attendez vous : A une demande d’ unanimité citoyenne, à la dénonciation de tous ceux qui poseront des questions, avant que les journalistes n’aient fait semblent d’y penser, à une déclaration de guerre. Comprenne qui voudra, mais dans la France actuelle, comprenne plutôt qui pourra. Triste France

     

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    • #1319099
      Le Novembre 2015 à 14:38 par rémi
      Peur sur la ville

      Sans aller aussi loin, un attentat repousse naturellement les masses vers les institutions étatiques.
      Dans une sorte de quête illusoire de sécurité....
      Tout à coup, et sans rien faire, la classe politique reprend du sérieux ("on ne joue plus")....de la "confiance".
      Et du pouvoir sur l’individu !

      Donc au lieu de chercher "l’utilité" de l’événement , il faut déjà voir que l’événement est en lui même est un but.
      Il n’y a rien de plus efficace pour crédibiliser le politique... que des attentats .

      Et si le politique manque de quelquechose, c’est certainement de crédibilité.

       
  • #1318991
    Le 15 novembre 2015 à 13:10 par kervern
    Peur sur la ville

    .."Communautarisme ".. ??...moi, ma communauté est Bretonne..dans nos villes et villages...c’est beau, une communauté...
    Quand 15 sportifs chantent "la marseillaise"..c’est du communautarisme Français-francophone..quand on porte une djelaba en hiver à Lille..c’est s’identifier à une communauté musulmane..quand on danse en fest-noz chez nous tout les week-end et qu’on cause Brezhoneg’ (Breton)..il y a une conscience communautaire indéniable..et alors ?
    C’est J.Chirac qui en 1995 qui a rendu péjoratif le terme "Communauté" en..Communautarisme !..il n’y aurait pas que la communauté franco-française !..ou alors se serait du racisme !!...unification totalitaire..éradication de langues et cultures moins répandues ?..ce qui se produit insinueusement pour le Breton, l’Occitan, l’Alsacien, Catalan à perpignan, Flamand à Dunkerque..etc..diversités du monde !!
    Partout ailleurs dans le monde, une communauté’ ..c’est normal (!) et respectable !

    Pensée pour les familles en deuil.

     

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  • #1319157
    Le 15 novembre 2015 à 15:33 par Jasmin Indien
    Peur sur la ville

    Notre asservissement est le signe de leur naufrage.

    To big to sink, to small to think
    C’était une nuit étoilée, sur l’eau aucune vague
    L’avant dernier croissant de lune allait disparaitre
    Fredo vit l’iceberg, il sonna la cloche et appela
    Mais les ordres de virer ne furent pas donné
    La montagne de glace laissa une entaille
    Sur le paquebot trop grand pour couler
    L’onde du choc fit céder ses rivets
    Il ne mit que 2 heures pour sombrer.

     

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  • #1319289
    Le 15 novembre 2015 à 17:59 par lebof
    Peur sur la ville

    Les Français subissent aujourd’hui (comme hier) l’impéritie de ceux qui les gouvernent et qui, censés les servir et les protéger, les exposent au pire par les conséquences de leurs (non-)choix politiques et stratégiques. (Le gouvernement roumain a démissionné après l’incendie d’une discothèque qui a coûté la vie à 32 fêtards, demain, nos vénérables caciques vont bonimenter et ripailler à Versailles en cherchant le meilleur moyen de manipuler l’événement comme le singe de la patte de chat pour tirer les marrons du feu.)

    PS : Selon Cazeneuve, le Djihad n’est pas un délit, mais la Quenelle, sans nul doute, une crime contre l’Humanité.

     

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    • #1319649
      Le Novembre 2015 à 22:57 par guibus
      Peur sur la ville

      En vérité le Djihad ne peut être un délit, puisqu’il s’agit d’une guerre spirituelle, c’est à dire une guerre que chacun mène contre ses propres démons (la haine, la colère, la jalousie, l’avarice ...) , qui sont dénommés ’infidèles’, c’est à dire les facteurs de l’infidélité du pratiquant par rapport à sa propre religion. Il ne faut donc pas amalgamer le véritable Djihad avec le faux djihad inculqué aux incultes perdus de nos banlieues par des faux imams intégristes pour les utiliser comme bombes humaines.

       
  • #1319858
    Le 16 novembre 2015 à 08:26 par myr34
    Peur sur la ville

    Questions à se poser sur la communication et les initiatives de l’Education nationale suite aux attentats du 13 novembre.
    L’Education nationale organisera aujourd’hui comme partout en France une minute de silence et de recueillement. Acte normal et de circonstance. Il est en revanche demandé aux enseignants de débattre, instaurer une discussion au sujet de ces attentats horribles...tout en rattachant si possible ces propos à des parties du programme scolaire (Pluralité des idées, droits de l’homme...) Quel en est le lien et la finalité ? Faire un café citoyen peut-être, un joyeux débat d’idées ?Maladresse ou aveuglement. Cette initiative porte en elle le risque de semer l’ambiguïté et la confusion dans la tête de nombreux élèves. Pourquoi se substituer aux discussions avec les parents ?... Pour expliquer, expliquer quoi ?...Difficile ou impossible tâche pour les enseignants pouvant par ailleurs être choqués eux-mêmes. Dire l’indicible, se faire sociologue et politologue en 5 minutes, être dans le vrai de l’histoire en direct, mieux que les spécialistes ! Inconscience également quant aux risques de division (voulue ?) jusque parmi des enfants forcément innocents et qu’il faut considérer comme tels, germe de l’indécence. Ne serait pas au final, une volonté de communiquer à tout prix... totalement déplacée ? Lien du site de l’Ed. nationale à ce sujet : http://eduscol.education.fr/cid9537...

     

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  • #1320073
    Le 16 novembre 2015 à 13:02 par Sedetiam
    Peur sur la ville

    Chacun sait que 1 et 2 ne font pas toujours 3. Tient, en parlant de cela, nouvelle opération Lumumba, je cite : "Au surlendemain des attentats perpétrés à Paris, le degré d’alerte en Belgique a été porté de 2 à 3, le niveau maximum, pour les événements réunissant des foules importantes, tels que les rencontres sportives ou les manifestations officielles."

    C’est te dire les disproportions, parfois...

     

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  • #1320202
    Le 16 novembre 2015 à 14:30 par frootloops
    Peur sur la ville

    C’est tout de même incroyable qu’en 2015, avec toute l’information (et sa mariée « la désinformation ») qu’on a, on se retrouve avec une bonne vieille chasse aux sorcières digne de Salem et de Stephen King.

    Tous ces universitaires, politiciens, supputants analystes, mous du cerveau ou bien meublés, qui nous étalent ultimement que de la merde, pixelisée ou écrite, jour après jour, attentat après l’autre, en quantité industrielle… industrielle… Ben voilà, nous y sommes : l’industrie du Chaos.

    Follow the money… and catch me if you can !

     

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  • #1327060
    Le 22 novembre 2015 à 14:11 par Marde
    Peur sur la ville

    Quelques jours après les attentats de Paris et l’hystérie politique de tous bords qui a suivi je remarque que personne n’a relevé le point suivant :
    Tous les observateurs occidentaux sont d’accords pour admettre que la France est l’ennemi numéro 1 de Daesh ( dont le nom résonne comme celui d’une lessive dans mon esprit, comme si c’était celle qui allait vraiment nous nettoyer le cerveau !)
    Ceci mis à part, je reste quand même très étonné du fait que l’ennemi N° 1 de Daesh ne soit pas Israël pour le pékin moyen ultra désinformé ?
    Peut-être que la France est le plus sioniste des pays d’Europe ? Mais cela reste insuffisant comme explication.

     

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  • #1327878
    Le 23 novembre 2015 à 15:55 par Marde
    Peur sur la ville

    Sauf, à faire en sorte que les sionistes français, lancent la chasse aux sorcières et mettent ainsi le feu aux poudres dans toute l’Europe...Puisque tous les ingrédients sont réunis depuis la dite "crise des migrants" !

     

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