Egalité et Réconciliation
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" Al-Qaida au Maghreb ", ou la très étrange histoire du GSPC algérien

Par François Gèze et Salima Mellah, Algeria-Watch, 22 septembre 2007.

Résumé : Créé en septembre 1998, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a progressivement supplanté les " GIA " sur la scène du " terrorisme islamiste " en Algérie. D’abord cantonné dans une seule région du pays (la Kabylie), où il était relativement peu actif, il a acquis une notoriété internationale avec l’enlèvement d’une trentaine de touristes européens au Sahara, au premier semestre 2003. Depuis lors, il a multiplié attentats et actions armées dans le nord du pays, ciblant principalement les forces de sécurité, puis des civils et des cibles étrangères, au point d’être considéré comme une menace majeure en Europe, par ses " réseaux dormants " prêts à perpétrer des attentats meurtriers. Une menace confirmée par le ralliement du GSPC à Al-Qaida en septembre 2006 et sa transformation, en janvier 2007, en " Organisation d’Al-Qaida au Pays du Maghreb islamique " (AQMI).

Dans cet article, nous montrons que l’exploitation rigoureuse et critique des nombreuses " sources ouvertes " disponibles sur le GSPC algérien (sites Web de l’organisation, articles de la presse algérienne et de la presse occidentale), combinée à l’analyse des singularités du régime algérien depuis 1962, ne laisse place à aucun doute : le GSPC est une création des services secrets de l’armée algérienne, le Département de renseignement et de sécurité (DRS, ex-Sécurité militaire), dont les chefs contrôlent, depuis la guerre civile des années 1992-1999, la réalité du pouvoir. Derrière la façade civile du président Abdelaziz Bouteflika, élu en 1999 et réélu en 2004, le " terrorisme résiduel " du GSPC est un de leurs instruments pour consolider leur mainmise sur les richesses du pays et pour se légitimer auprès des puissances occidentales, en particulier auprès des États-Unis grâce à l’adhésion à la " Global War on Terror " de l’administration Bush.