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Dark pools : Les bourses occultes ont le vent en poupe

Imaginez des places boursières privées, sans régulation, sans contrôle, où les ordres d’achat et de vente seraient anonymes. Un rêve de capitaliste décomplexé... devenu réalité, grâce à une innovation financière génialissime : les dark pools.

"Plus jamais ça !" dit l’alcoolique à la gueule enfarinée, un lendemain de cuite... tout en vérifiant que son stock de vinasse lui permettra de passer la journée. "Il faut moraliser le capitalisme !" hurle le monde politico-financier à peine remis de son orgie spéculative... tout en développant de nouveaux stratagèmes, toujours plus obscurs, toujours plus immoraux.

"Transparence" et "régulation" : ces deux mots à la mode apparaissaient à 50 reprises dans le rapport du dernier G20. Ô surprise ! Ils se révèlent aujourd’hui n’être que de pieuses incantations passées par pertes et profits sur l’autel du capitalisme le plus débridé.

Trader in the dark (pools)

Les dark pools sont des plateformes boursières alternatives aux bourses réglementées (Wall Street, Londres, Paris...). Elles permettent à leurs clients d’acheter ou de vendre de (très) grosses quantités d’actions, de façon anonyme et en gardant secret le prix des transactions jusqu’à leur finalisation. Ce qui implique que les gros ordres ne perturbent plus les cours des marchés officiels, et que, accessoirement, les délits d’initiés deviennent indétectables.

Aux Etats-Unis, le système existe depuis une dizaine d’années. Il représenterait actuellement entre 10 et 25% des ordres passés sur les marchés actions. Et près de 50% en volume : Les échanges étant en grande partie automatisés, plusieurs millions de titres peuvent par exemple s’acheter et se vendre en moins d’une seconde. Beep-beep...

Les banques en raffolent

En Europe, la directive Marché d’instruments financiers entrée en vigueur le 1er novembre 2007 marque le coup d’envoi de la chasse au trésor. En quelques mois, une petite dizaine de plateformes ont vu le jour. Pour exemple, citons Turquoise, la plus emblématique, fondée par neuf banques : BNP Paribas, Société générale, Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs, Merrill Lynch, Morgan Stanley et UBS. Ou encore Smartpool, créée en association avec NYSE Euronext, JP Morgan, HSBC et BNP Paribas. Que du beau monde... que l’on voit pourtant régulièrement applaudir des deux mains les communiqués du G20.

La SEC conseille...

La SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la bourse américaine, vient tout juste de réaliser que l’existence de ce genre d’établissements pouvait poser problème. En juin dernier, elle déclarait que les dark pools risquaient de "saper la confiance du public dans l’équité des marchés". Quelle perspicacité... Et la semaine dernière, elle a voté à l’unanimité quelques "propositions" destinées à rendre ces plateformes plus transparentes. Des conseils tout au plus, qui n’ont rien de contraignant, pourtant immédiatement dénoncés par les banques, Goldman Sachs en tête qui estime que les dark pools sont une évolution technologique gagnant-gagnant, puisqu’elle bénéficierait à la fois aux investisseurs institutionnels et aux particuliers en réduisant les coûts de transaction. On ne se refait pas...

En Europe, aucune régulation n’a jamais été évoquée. Pour quoi faire, puisque le capitalisme est maintenant moralisé ? The show must go on...

 






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