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Démission du directeur de Frontex : deux ans de guerre larvée au sein de l’Union européenne

Le droit européen permet-il de contrôler les frontières ? L’UE a-t-elle la volonté politique de le faire ou préfère-t-elle se focaliser sur les droits des migrants ? Voilà, en somme, les questions qui pointent derrière la démission de Fabrice Leggeri, directeur de Frontex, il y a quelques jours à la suite d’un conseil d’administration qui se penchait sur sa continuité et les accusations dont l’accablait la Commission et le Parlement Européen.

 

Cette démission est en fait l’épilogue de deux ans de luttes larvées au sein de l’UE sur fond de campagne médiatique méthodiquement coordonnée qui se solde sur une démission fracassante en point d’interrogation. […]

Dès 2020, sur la base d’information filtrées par la Turquie bruyamment relayées par des ONG, Der Spiegel et d’autres journaux européens entament une campagne contre le directeur et son équipe. Tout y passe : des méthodes de management soi-disant musclées à la passivité dans le recrutement d’« officiers des droits fondamentaux », en passant par de prétendues malversations. Et, surtout, l’accusation d’avoir commis (ou avoir du moins fermé les yeux) sur des « refoulements », c’est à-dire, des renvois de migrants illégaux essayant de franchir la frontière sans leur donner la possibilité d’invoquer le droit d’asile.

Une brèche dans laquelle s’engouffra le Parlement européen, et, de manière plus surprenante, la Commissaire européenne à la migration et à la sécurité et autorité de tutelle de Frontex, Ylva Johansson. L’ancienne ministre suédoise des Affaires sociales redoubla la pression sur l’agence et finit par mandater une enquête interne à l’OLAF, l’agence anti-fraude de l’UE. Une procédure qui a débouché sur une demande de sanctions disciplinaires contre Leggeri largement rejetée par des États membres qui ont, toutefois, accepté sa démission.

[…] Refoulements ? Cette accusation fait office d’anathème dans les milieux migratoires et est souvent utilisée comme une arme politique d’intimidation massive car elle renvoie instinctivement au sacro-saint principe de non-refoulement de la convention de Genève qui interdit de renvoyer un demandeur d’asile dans un pays dans lequel sa vie serait en danger. Seulement, est-ce le cas des migrants illégaux, faut-il par défaut les laisser rentrer au motif que ne pas le faire violerait leur droit à un asile hypothétique ? […]

[…]

Plus inquiétant encore, l’enquête et les conclusions de l’OLAF partiraient d’une prémisse absolument contestable : le rôle de Frontex ne serait pas d’aider les autorités nationales à contrôler les frontières, mais de surveiller (et éventuellement dénoncer) si elles le font dans le respect des droits fondamentaux ou pas, y compris cette notion de refoulement aux contours juridiques imprécis. Frontex, partenaire ou contrôleur des États, agence de coopération ou de « flicage » ? En claquant la porte, Leggeri dénonce sans ambages cette tentative de sabotage interne qui aurait des effets dévastateurs sur la confiance mutuelle entre l’agence et les autorités nationales. […]

Ce changement de cap révèle également l’influence démesurée de la « société civile » dans la politique migratoire européenne. Dès sa création, Frontex a été l’épouvantail officiel des organisations militant ouvertement pour l’abolition des frontières très présentes dans les cercles bruxellois, notamment au Parlement européen, dont la commission des Libertés publiques (compétente en matière de migration) est souvent la caisse de résonnance de leurs positions maximalistes. L’organigramme même de Frontex trahit ces interférences : en plus de l’équipe des « Fundamental Rights Officers » (sorte d’inspection interne aux droits de l’homme), l’agence compte également un « conseil consultatif » d’organisations internationales et d’ONG qui critiquent vertement l’agence et les opérations qu’elle coordonne. […]

La démission fracassante de Leggeri met donc sur la table la question même de la survie de Frontex et questionne ouvertement la volonté politique de l’UE de se donner les moyens de ses compétences migratoires. […]

[…]

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L’immigration, question géopolitique, sur E&R :

 






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