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En réaction : Lounès Darbois

En réaction, c’est un nouveau format d’entretien qui fait réagir mon intervenant aux citations que je lui propose.

Réaction inconditionnellement libre !

Salut Lounès ! Voyons tes réactions à ces quelques citations… taquines !

 

Première citation :

Je suis de ces auteurs qu’ont du souffle, du répondant, du biscoto. J’emmerde le genre entier humain à cause de mon répondant terrible, de ma paire de burnes fantastiques (et bordel de dieu je le prouve !). Je jute, je conclus, je triomphe, je trempe la page de plein génie… De vous à moi, entre copains, c’est ce qu’on me pardonne pas du tout, à la ronde, ce qu’on me pardonnera jamais, jamais, la façon que je termine, que j’achève les entreprises, que je vais au pied comme une reine, à tous les coups. Ils voudraient bien me faire mourir, mes émules, même mes petits élèves, par chagrins, par méchants propos, me faire périr sous les morsures d’une foison de cancrelats, sous les venins d’une pullulation atroce d’aspics effroyablement voyous, martyrivores. Mais ma peau de vache me protège, jusqu’ici j’ai réchappé.

Louis-Ferdinand Céline, L’École des cadavres (1938)

 

Lounès Darbois : Eh oui ! Dans une confrontation, se coucher excite rarement la pitié de l’adversaire mais plutôt son sadisme. Les cruels sont souvent des lâches et vice-versa. C’est pourquoi il faut être « terrible et fantastique » pour durer et endurer. J’ai une photo de Raymond Poulidor grimpant une côte. Tout est résumé dans l’expression de son visage, le genre qui ne plaisante pas, sourd à la douleur, tendu vers son idéal. Parfois je la regarde.

 

Deuxième citation :

(…) il ne s’agit plus de comprendre et d’aider son prochain mais de le fasciner et de l’enculer.

Philippe de Vulpillières, L’homme tue et la femme rend fou (2017)

 

Lounès Darbois : Brutal mais exact vu les mœurs actuelles ! La fascination, la « possession » sont des caractéristiques du diable. Tendance fatale quand on veut bien croire à tout sauf au bon sens ! Auteur au parcours intéressant soit dit en passant.

 

Troisième citation :

Les hommes sont devenus avides, mesquins, menteurs, […] ils ont perdu la foi et le sens du vrai, il n’y a plus de rois, il n’y a plus de bonheur. Ils chercheront la mort sans la trouver ; ils désireront mourir, mais la mort les fuira.

Roman von Ungern-Sternberg cité par Léonid Youzéfovitch, Le Baron Ungern (2001)

 

Lounès Darbois : Terrible lorsqu’on sait le destin de cet homme. Lui et sa troupe se battaient à 1 contre 100 dans la steppe, dans une guerre sans espoir. La chanson sur les Russes blancs finit bien par « et leur agonie cruelle, la honte de l’Occident ».

 

Quatrième citation :

La vie de l’homme oscille, comme un pendule, entre la douleur et l’ennui.

Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation (1819)

 

Lounès Darbois : Qu’est-ce qui est le plus agaçant : est-ce le poison de la philosophie du soupçon que Schopenhauer et Nietzsche, en suivant les pas de La Rochefoucauld, ont répandu sur les meilleures générations d’Européens qu’ils avaient au contraire pour mission de galvaniser ? Ou est-ce la complaisance dans la déprime où aiment se morfondre les jeunes Blancs intelligents pour justifier leur inertie ? Difficile à dire ! Enfin tout cela mérite une bonne douche froide et deux jours de diète. Il y a plus de sagesse dans la vie sans parole de François d’Assises que dans les 10 000 pages de l’oncle Arthur et j’ai le droit de le dire car je les ai toutes lues ! Flaubert plus laconique disait à Maupassant : « Méfiez vous de la tristesse, c’est un vice. »

 

Cinquième citation :

Ainsi devient raciste celui qui ne veut pas voir son pays envahi par l’étranger, réactionnaire celui qui regrette le temps passé, révisionniste celui qui n’adhère pas à la doxa nationale, fondamentaliste celui qui se réclame de la religion de ses pères.

Jean de Pingon, préface à Laurent Gruaz, Et si la Savoie redevenait indépendante ? Projet pour un état souverain, catholique et royal (2020)

 

Lounès Darbois : La xénophobie que l’on essaie toujours de faire passer pour une agression active est un réflexe de défense à une agression. Au plan des instincts, elle procède de la pulsion de vie ; au plan politique elle est une résistance à la colonisation ; au plan moral elle est morale ; et au plan chrétien… elle est justifiée par la parabole du bon Samaritain : seul l’étranger qui vous sauve est votre prochain, pas les étrangers en général.

 

Sixième citation :

Ah la sale gueule des honnêtes gens…

Pierre-Antoine Cousteau, pensées et aphorismes (2021)

 

Lounès Darbois : Se vérifie souvent chez des gens très fiers d’avoir étudié en école de commerce.

 

Septième citation :

La conversation d’une femme : 95 % de reproches.

Paul Morand, Journal inutile (1968-1972 et 1973-1976)

 

Lounès Darbois : Vrai sauf… sauf si vous l’« honorez », comme on disait jadis. Alors elle vous fiche la paix.

 

Huitième citation :

À vingt ans on a déjà plus que du passé.

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit (1932)

 

Lounès Darbois : Avez-vous déjà eu cette impression malgré tous les voyages que vous avez entrepris, malgré toutes les réalisations que vous avez accomplies, que tout pendant l’enfance et l’adolescence étaient encore plus intense, plus beau, plus spontané, en somme plus vrai ? Il me semble que la vraie vie, c’est l’enfance, et que le reste est accessoire.

 

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21 Commentaires

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  • #3295328
    Le 17 décembre 2023 à 15:55 par Geronimo
    En réaction : Lounès Darbois

    A propos de la critique sur Schopenhauer, la vie reste quand même une tragédie. C est une aussi dure réalité que le marbre dont on fait les tombes. L exaltation, c est juste un feu d’artifice, bien bref puis retour à la réalité.

     

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  • #3295329
    Le 17 décembre 2023 à 16:09 par Nos valeurs
    En réaction : Lounès Darbois

    Plus jeune, la vie semble effectivement plus intense … on fait partie de la vie, mais on lui est aussi intégralement soumis à chacun de ses mouvements.

    Avec les années, petit à petit, on a l’impression de prend du recul, de percevoir ses mécanismes, alors on s’en extirpe partiellement pour tenter de prendre notre destinée en main…. Une émancipation, une libération spirituelle ?

    Quelle est la destinée véritable ? Celle de nos idéaux, ou celle que la vie nous a choisie …. Et au final sont-elles différentes ??

     

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  • #3295331
    Le 17 décembre 2023 à 16:14 par Victor
    En réaction : Lounès Darbois

    Bravo à Sapaudia pour le choix des citations !
    Ungern... Pas assez connu. Comme Codreanu.

    Merci à Lounès, surtout pour sa réponse à l’oncle Arthur...

     

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  • #3295342
    Le 17 décembre 2023 à 17:07 par Oui-Oui visite une loge
    En réaction : Lounès Darbois

    De qui est la dernière illustration ? J’aime beaucoup son style aquarellé.

     

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    • #3295666
      Le Décembre 2023 à 14:43 par Bébert
      En réaction : Lounès Darbois

      Elle est issue de la version illustrée par Jacques Tardi du Voyage au bout de la nuit  !

       
  • #3295350
    Le 17 décembre 2023 à 17:28 par Observateur
    En réaction : Lounès Darbois

    """- À vingt ans on a déjà plus que du passé.
    Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit (1932)

    - Lounès Darbois : Avez-vous déjà eu cette impression malgré tous les voyages que vous avez entrepris, malgré toutes les réalisations que vous avez accomplies, que tout pendant l’enfance et l’adolescence étaient encore plus intense, plus beau, plus spontané, en somme plus vrai ? Il me semble que la vraie vie, c’est l’enfance, et que le reste est accessoire."""

    - C’est vrai Lounes et c’est ce que je ressens. Mais si on dit : - C’est vrai Lounes et c’est ce que je ressens. Est-ce qu’on a pas loupé quelque chose ?

     

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    • #3295695
      Le Décembre 2023 à 16:49 par Talon
      En réaction : Lounès Darbois

      plus simplement, il faudrait dire : au XXIème siècle, l’enfance est tout, l’adulte n’est rien.
      Mais ce n’est pas une règle intemporelle. Il fut un temps où être français et adulte n’était pas une malédiction..
      Ce qui ne contredit pas le charme particulier des souvenirs d’enfance, de l’innocence perdue, etc.

       
  • #3295665
    Le 18 décembre 2023 à 14:41 par Bébert
    En réaction : Lounès Darbois

    Toujours très intéressant de lire monsieur Darbois ! Est-ce que de nouveaux épisodes de l’excellente émission Éloquence du vulgaire sont prévus prochainement ? Merci et bonne continuation à vous.

     

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  • #3296006
    Le 19 décembre 2023 à 11:43 par Fred2lens
    En réaction : Lounès Darbois

    On voit ici nombres de commentaires. Le vélo c’est dur très dur par tout temps être le c... sur la selle au mental même quand le moral est dans les socquettes ont doit y aller. Poutou c’était un champion.

     

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    • #3296093
      Le Décembre 2023 à 13:58 par Eric
      En réaction : Lounès Darbois

      Poupou alias Poulidor vous voulez dire ! Parce qu’avec Poutou le syndicaliste, c’est pas gagné ! :-)

       
  • #3296218
    Le 19 décembre 2023 à 18:10 par Hikari
    En réaction : Lounès Darbois

    C’ est toujours un grand plaisir d écouter, bon ce coup-ci de lire, Lounes Darbois.

    Les emissions, éloquence du vulgaire ont été de sacrés compagnons de voyage pour moi à travers l’ Asie du sud-est.

    Je te remercie et espere pouvoir t écouter de nouveau. Le meilleur, Camarade.

     

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  • #3296246
    Le 19 décembre 2023 à 19:11 par anonyme
    En réaction : Lounès Darbois

    Je me suis arrêté à celle de Morand, citation et délicatesse du verbe « honorer »...tres français, du De funés !

     

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  • #3296716
    Le 20 décembre 2023 à 17:33 par Talon
    En réaction : Lounès Darbois

    Ils chercheront la mort sans la trouver ; ils désireront mourir, mais la mort les fuira



    c’est en fait une citation de l’apocalypse, qui explique l’état dans lequel seront ceux qui auront pris le mauvais parti et subiront les différentes plaies, au sens où lls souffriront tellement qu’ils désireront mourir, mais la mort se refusera à eux (paralysie ?)

    Mais j’ai envie d’y lire autre chose ici

    Je travaille depuis longtemps sur un bouquin dont le sujet principal est un vampire, car c’est pour moi la figure littéraire la plus proche de l’homme moderne, sous bien des aspects, si on l’aborde de manière Baudelairienne bien sûr, non pas hollywoodienne.

    L’impossibilité à mourir en est une. Bien sûr il y a l’image la plus immédiate qui nous vient à l’esprit (besoin de sucer le sang/la vie des autres pour se maintenir dans cet état neutralisé de "mort-vivant" qui ne passe jamais le rubicon)

    Mais le sens effleuré par cette citation semble nous parler d’autre chose ;
    Car il y a aussi, de manière plus large, presque en dehors de tout motif de prédation, une recherche de la mort pour elle-même, soit consciente, soit dupée par le désir (culture de mort, goûts morbides, auto-destruction voluptueuse..) sans jamais l’atteindre, sans jamais retirer même le bénéfice de la mort (la fin d’une chose, le passage, le renoncement qui apaise, ou bien le dépassement) car toujours en deçà.

    Celui qui ne vit pas (au sens fort) peut-il mourir (au sens tout aussi fort) ?

    Saint François parlait de sa "petite sœur la mort", toujours présente auprès de lui, sur son chemin (dédain du monde et des plaisirs, désir du ciel, conscience de sa finitude, etc).

    Ainsi le caractère impropre à mourir, et plus globalement incapable de sentir son début et sa fin (dilution de l’être dans le temps, du désir dans la machine,..) prend une autre couleur, celle d’une malédiction attachée à notre train de vie, et pleine de cet apparent paradoxe : je cours vers la mort (par mon mode de vie destructeur), avec le sentiment de la fuir. Càd avec en moi comme quelque chose qui s’interdit de finir, qui s’arrête toujours devant la mort. Qui trichera jusqu’au bout avec la vie.

     

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