Dans ce dialogue réaccordé de belle facture entre deux hommes intellectuellement matures dont les analyses convergent, on entend qu’ils parlent de deux lieux distincts : l’avocat reste tenu à une obligation déontologique de réserve qui lui interdit de valider à haute voix le postulat le plus vérifiable mais néanmoins clivant du penseur, concernant « le pouvoir des 1% ».
Attendu qu’il s’origine dans le divorce entre la conception décisionnelle et l’exécution pratique, qu’il est fondé sur une centralisation monopolistique des moyens de planification et de coercition, et une délégation de la mise en œuvre à une caste jugée subalterne, le pouvoir est par essence un fait d’élite : l’imposture démocratique aura consisté à faire croire en l’existence d’un pouvoir des masses. Or, dans une économie de marché où les avalanches migratoires délitent l’homogénéité des peuples, la disparition des ancrages de race et de classe desquels naissent la conscience de l’appartenance sectorielle, catégorielle, corporatiste et culturelle, transforment la nation historique en masse apolitique.
Le désinvestissement politique de la masse tient au fait que contrairement à la nation historique, elle est le produit d’une ingénierie publicitaire qui masturbe le désir individuel pour le muer en pulsion d’achat : cette manœuvre du Capital est l’axe programmatique d’une sociologie d’État visant à dérouter la conscience politique et à recanaliser cette énergie collective dans la lutte pour l’acquisition mimétique.
Ainsi, la création de salles de shoot, la légalisation du cannabis et décentrement des savoirs vers le bas du corps (éducation sexuelle) sont-ils constitutifs de procédures lénifiantes et cyniques de neutralisation neuronale et d’euthanasie de l’intelligence critique. Cette mutation de la conscience politique en pulsion marchande compromet tout exercice éclairé de la pratique démocratique par le citoyen : le techno-système autoritaire car bureaucratique, transactionnel, et spectaculaire, au sens debordien, est ce que le penseur Alain Soral appelle « la démocratie de marché », c’est à dire l’instant où la fiction démocratique met en scène le théâtre électoraliste.
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