Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Faire du journalisme, c’est agiter un bâton dans l’auge à cochons

par Frédéric B.

Comme le rappelait l’article d’E&R en date du 19 juin « Journalistes : éternels tapins » en 2012, la profession a voté à 74% pour François Hollande au second tour de l’élection présidentielle. Loin d’être partisan (ces libertaires libéraux s’accommodent aussi bien d’un Sarkozy que d’un Hollande) ce vote est avant tout dicté par les considérations catégorielles d’un puissant lobby qui voit, avant tout, midi à sa porte.

D’après l’Observatoire des Métiers de la Presse, en 2010-2011, le nombre de journalistes encartés s’élevait à 37 286 et leur salaire moyen à 3421 euros mensuels brut. Cependant, on observe des disparités intéressantes : 17 % d’entre eux sont en dessous de 1500 euros par mois, 57 % entre 1500 et 3000, le reste (26 %) entre 3000 et plus de 40 000 euros mensuels. Ces chiffres rapportés au revenu médian des français (2753 euros bruts) placent d’emblée la profession dans une situation relativement privilégiée.

Par ailleurs, ces revenus, après calcul de l’impôt, sont minorés d’une très charitable niche fiscale (article 81 du Code Général des Impôts) qui permet aux journalistes d’exonérer 7650 euros de leurs traitements et salaires ou d’opter pour de généreux frais réels (dépenses d’habillement, restaurant, coiffure, déplacements, etc...).

Une rapide simulation pour un célibataire gagnant 36 000 euros net imposables par an permet de constater que le montant de l’impôt sur le revenu s’élève après exonération à 2939 euros. Dans le même cas, un contribuable lambda ne bénéficiant que de la déduction forfaitaire de 10 % devrait s’acquitter d’un montant de 4154 euros sois une différence de 1215 euros.

A cet avantage s’ajoute d’autres petits "à-côté" non négligeables. Par exemple, l’exonération de 7650 euros impacte le montant de la taxe d’habitation et des droits aux allocations familiales puisque ceux-ci sont déterminées grâce au revenu fiscal de référence (revenu imposable après les abattements, exonérations et autres crédits d’impôts).

Par ailleurs, en cas de licenciement, un journaliste bénéficie d’une indemnité représentant un mois, par année ou fraction d’année de collaboration des derniers appointements" (article L7112-3 du Code du travail).

Autrement dit, un journaliste ayant exercé 12 ans reçoit l’équivalent d’une année de son dernier salaire en indemnités, plus l’allocation retour à l’emploi auquel a droit n’importe quel salarié dans la même situation.

En 2011, le député UMP Bouvard proposa de plafonner l’exonération de 7650 euros pour les journalistes ayant un revenu fiscal de référence (après abattement) de 26 976 euros (projet de loi de finance pour 2012 n° 3775). Autrement dit, un quart des journalistes, c’est-à-dire ceux dont les revenus sont les plus élevés, risquaient de ne plus se trouver éligibles à cette exonération.

Avant les primaires socialistes les principaux syndicats de journalistes ont demandé à François Hollande d’étendre l’abattement à 30% des revenus, quel que soit leur montant et de pouvoir faire bénéficier les journalistes audiovisuels de 10 % supplémentaires pour « frais esthétiques ».

Parmi les membres de la délégation figurait une certaine Valérie Trierweiler, Audrey Pulvar ainsi que de nombreux journalistes de l’Humanité. François Hollande leur promis alors d’acquiescer à leurs souhaits dès septembre 2012, s’il était élu.

Ainsi, la péronnelle Ariane Massenet (300 000 euros par an) ou Michel Denisot le cumulard donneur de leçon (un ? deux ? millions par an) pourrait retrancher 40 % d’abattement à leurs revenus annuels dès l’année prochaine. Sans doute juge t-il que l’obséquiosité, la crasse intellectuelle et la félonie sont à ce prix.

Crise oblige, j’imagine la réaction de nos compatriotes en apprenant que leurs niches fiscales sont encore rabotées tandis que le bienfaisant ami de DSK, Moscovici, élargi celle des journalistes.

Encore faudrait-il que ces vérités se sussent...

Ce que le système ne peut bâillonner ou détruire, il le soudoie, à n’importe quel prix.

Tout ceux qui ne se drapent pas dans la toge grise de la fausse objectivité comprennent alors combien est difficile le combat pour mettre à jour certains scandales dans un pays ou l’on ne peut lever un lièvre sans demander un tampon officiel à ces indisposés de la pensée.

Faire du journalisme, c’est agiter un bâton dans l’auge à cochons.

 






Alerter

16 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

Afficher les commentaires précédents
Afficher les commentaires précédents