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Inquiet de la concurrence russe, Obama lève totalement le gel sur les livraisons d’armes à l’Égypte

Depuis les accords de Camp David, signés en 1979, Washington accordait alors au Caire une aide annuelle de 1,5 milliard de dollars, en grande partie pour financer l’acquisition d’équipements militaires pour les besoins des forces armées égyptiennes.

Or, en octobre 2013, suite à la répression menée contre les partisans de l’ex-président Mohamed Morsi, qui, issu des rangs des Frères mulsumans, avait été destitué par l’armée quelques semaines plus tôt, l’administration décida de suspendre cette aide ainsi que les livraisons d’arme dans l’attente de l’adoption par les autorités égyptiennes de « réformes démocratiques ».

Du coup, le président égyptien nouvellement élu, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, s’est tourné vers la Russie et surtout la France pour équiper les forces armées égyptiennes, confrontées à la menace jihadiste dans le Sinaï et en Libye. C’est ainsi que Le Caire a commandé 24 Rafale et 1 frégate multimissions (FREMM) auprès de Paris.

En outre, l’Égypte fait partie de la coalition qui, emmenée par l’Arabie Saoudite, intervient actuellement au Yémen contre les milices chiites soutenues par Téhéran, en soutien au président Abd Rabo Mansour Hadi. Pour Le Caire, il s’agit aussi d’éviter que le conflit yéménite ait des conséquences sur le détroit de Bab el-Mandeb, qui voit passer, chaque année, plus de 30 000 navires qui empruntent aussi le canal de Suez, lequel rapporte 3,6 milliards de redevance aux finances publiques égyptiennes.

Tous ces éléments ont donc conduit l’administration américaine à revoir sa position. Certes, en 2014, elle avait autorisé la livraison de 10 hélicoptères AH-64 Apache aux forces armées égyptiennes pour leurs opérations dans le Sinaï. Mais les choses en étaient restées là.

Du moins jusqu’à la décision du président Obama de lever le gel sur les livraisons d’autres équipements militaires attendus par Le Caire, dont 12 chasseurs-bombardiers F16C/D block-50, 20 missiles anti-navire AGM-84 « Harpoon » et des pièces détachées pour des chars Abrams M1A1.

Cette décision doit « permettre de répondre aux intérêts communs des deux pays dans une région instable », a justifié la Maison Blanche. En outre, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue égyptien, le président Obama a indiqué qu’il continuerait à demander au Congrès une « aide annuelle de 1,3 milliard de dollars pour l’Egypte au titre de l’assistance militaire ».

« La reprise de l’aide militaire américaine à l’Egypte et de la livraison d’armes dont les contrats étaient déjà signés, va permettre de réaliser les objectifs stratégiques communs des deux pays », notamment « dans leurs efforts pour combattre les extrémistes et les terroristes et assurer la sécurité dans la péninsule du Sinaï », a fait valoir, de son côté, et par voie de communiqué, le président Sissi.

Histoire, sans doute, de ne pas donner l’impression d’avoir mangé son chapeau dans cette histoire, la Maison Blanche a aussi précisé que M. Obama avait « réitéré les inquiétudes américaines concernant l’emprisonnement d’activistes non-violents ainsi que les procès de masse » et appelé au respect de « la liberté d’expression et de rassemblement ». Et pour enfoncer le clou, Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), a assuré que Washington continuera à échanger « de manière france et directe » avec Le Caire sur sa « trajectoire politique » et à évoquer les questions des droits de l’homme « au plus haut niveau ».

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