Obscénité ; ou : cynisme ; ou : pure méchanceté : je ne suis pas dans leur tête.
Deux ou trois générations plus tard, leurs larmes - uniques par essence - et très humides, s’essuient avec des billets de banque, apparemment.
Quand je pense à mon pauvre grand-père qui s’était fait un point d’honneur de ne pas réclamer à l’Etat son statut de "Résistant" ; et ne demandait jamais, par solidarité, parce qu’il était aisé, ses feuilles maladie chez le médecin. Et le bonhomme votait à droite, hein.
Et qu’on ne me dise pas que je mélange tout. Je ne mélange rien. Je ne vois que de l’avidité appuyée sur des décès. Les morts rapportent, alors ? Indemnisons tous les spoliés de toutes les guerres dès lors, non ? Indemnisons les bombardés allemands, les irradiés japonais, pour rester dans la même séquence de massacre.
A quel seuil de victimes commence le génocide ? Et : le moyen d’extermination qui détermine le trépas des victimes est-il breveté "réparations garanties" ? (chambre à gaz vs. bombe atomique ? bombardements massifs des civils ?).
Que peuvent exiger les Cambodgiens envers leur gouvernement ?
Rendez-vous au troisième millénaire avec la 30ème génération, pour éponger tout notre dû - mais qui restera encore dû, d’une manière ou d’une autre. Foutage de gueule, si je puis me permettre.
On gravera sûrement sur les rails le nom des victimes, même celui des communistes, des nationalistes, des Tziganes, des homos.
L’essentiel étant qu’il y ait du cash flow dans la bonne direction (donc, Tziganes, homos, nationalistes, communistes : oubliez de vous faire réparer, vous n’avez pas d’avocats à Manhattan et vous êtes donc des broques historiques quoiqu’il arrive - d’ailleurs les ayant-droits ne partageront avec personne mais encaisseront le mandat sur leur compte privé ; parce que c’est trop triste, tout ce qui est arrivé et que seule la famille compte) ; et que les trains soient privatisés, bien sûr !
Descendants de "Victimes" de 1939-1945 agissant en 2014 : je vous envoie mon bonjour et un chèque, accessoirement - pour le chèque, je n’étais pas d’accord, mais mon pseudo-Etat ne m’en laisse pas le choix.
Dois-je aussi vous signer un certificat de repentance, ou bien le montant de la somme exigée suffira-t-il à apaiser votre légitime douleur face à tant de cruauté perpétrée il y a 75 ans ?
Signé :
Votre paillasson aimablement défoncé.
P.S. : invitez-moi quand la piscine sera creusée. Ici, c’est pas trop la fête, et j’aimerais bien piquer une tête.