Mohammed VI est un peu comme Macron : il n’en fait qu’à sa tête. Mais derrière une politique très personnelle et assez illisible, il y a des invariants. Au Maroc, un de ces invariants, c’est le rapprochement, de moins en moins discret, avec Israël. Et ce, au pire moment.
À quoi joue Mohammed VI ? Il y a t-il parmi mes abonnés marocains, des personnes bien informées qui peuvent éclairer ma lanterne ou bien est-ce que je vais avoir droit à des insultes de la part des fanatiques du monarque alaouite ? pic.twitter.com/MeQa57mGK7
— Linformatrice (@Linformatrice1) August 24, 2025
Derrière quelques phrases destinées à la galerie, notamment sur la reconnaissance d’une Palestine en lambeaux (Gaza est un champ de ruines, la Cisjordanie s’apprête à être coupée en deux, et les colons israéliens piaffent dans leurs starting-blocks), Macron s’aligne sur les génocidaires.
Et l’invariant actuel, c’est le durcissement des relations franco-algériennes, dans la droite ligne de la sionisation de Macron et ses troupes. Pas besoin de dîner du CRIF, Retailleau a bien compris où était la gamelle. Cependant, il y a deux sortes de gamelles, la bonne et la mauvaise. En général, elles vont ensemble.
L’affaire Boualem Sansal permet à Macron de jouer au défenseur des droits de l’homme (et à Retailleau au bonhomme) face à l’intransigeance de la justice algérienne et de Tebboune, mais on sent qu’il ne s’agit que d’un écran, devant, par exemple les sujets brûlants du Sahara occidental et d’Israël.
Du côté de la Tunisie, c’est Le Figaro qui a dégainé le premier, en affichant les stats d’une immigration tunisienne en France pas très choisie... Comprendre que les Tunisiens qui viennent en France avec un visa ne sont pas vraiment désirés par l’économique et le politique.
Loin devant l’Algérie, le Maroc, et le reste du Maghreb. L’immigration tunisienne en France a connu la plus forte hausse de tous les pays de sa région en 20 ans. C’est ce que dévoile une note intitulée « L’immigration tunisienne en France, une croissance rapide qui pose question » écrite par l’Observatoire de l’immigration et de la démographie que Le Figaro dévoile en exclusivité ce samedi. Deux fois plus rapide que celle des immigrés algériens, elle peine à s’accompagner d’une intégration économique pérenne, souligne la note, qui pointe des difficultés notables d’intégration sur le marché du travail.
Traduction : on n’est pas en présence de « chances pour la France ». La France fournit plus de titres de séjours aux candidats tunisiens au départ, mais cela n’a pas freiné l’immigration irrégulière, bien au contraire ! Sur le graphique suivant, on distingue la préférence française – ou macronienne – en matière de titres de séjour : l’Algérie est clairement punie.

N’allons pas voir Israël derrière tout, par exemple la dégradation des relations Alger-Paris, car du côté de la Tunisie, le pouvoir, s’il est plus autoritaire qu’islamiste, soutient fermement la Palestine. Et cela n’a aucune incidence sur l’immigration tunisienne en France.
Le président Kaïs Saied ne se gêne pas pour tirer à boulets rouges sur Israël. Et la société civile suit.
« Il y a tout un passé entre les Tunisiens et les Palestiniens, nos sangs se sont mêlés lors du bombardement israélien sur le siège de l’OLP en 1982. »
On rappelle que les relations diplomatiques entre la Tunisie et Israël sont toujours au point mort.
En octobre 2023, le Parlement tunisien a proposé un projet de loi criminalisant les liens avec Israël. Cependant, le 2 novembre, le président Kaïs Saied a interrompu une séance de vote sur le projet de loi pour demander aux députés de le rejeter. Mohamed Ali, député et rapporteur de la Commission des droits et libertés (chargée d’examiner le projet de loi avant son passage en séance plénière), a affirmé que Washington avait menacé de « sanctions économiques et militaires » si le projet de loi était adopté. (Wikipédia)
Le choix israélien de la part du Maroc, au pire moment de l’histoire de la Palestine, aura des répercussions diplomatiques et géopolitiques. En premier lieu, cela ne va pas apaiser le contentieux avec l’Algérie. Et cela implique davantage la France de Macron du côté d’Israël.
La solidarité maghrébine n’est encore qu’un mirage. Mais c’est dans la droite ligne des nouvelles relations internationales, mouvantes et multilatérales. Aucun pays, y compris la France, n’est exempt de paradoxes.