Le constat est simple : 600 000 juifs en France (beaucoup moins selon les sionistes), 6 000 000 de musulmans (beaucoup plus selon les sionistes), un conflit qui a viré au génocide en Palestine, et des répliques chez nous, avec un rapport démographique inversé dans les sphères médiatique, politique et culturelle.

Cette dichotomie entre ceux qui ont le pouvoir sans le nombre et ceux qui ont le nombre sans le pouvoir crée une perturbation permanente, source d’incompréhensions, de manipulations et de violences.

L’épisode, pas encore clos, de la flottille de la liberté, a exacerbé ces fractures. On a bien deux France : l’une attachée aux valeurs humanistes, aux droits de l’homme (ce qui n’est pas une mauvaise chose sauf quand c’est perverti par les disciples de Soros pour nous noyer sous les migrants), prenant fait et cause pour les victimes ; l’autre misant sur le droit du plus fort, la violence et le mensonge. C’est de plus en plus prégnant.

Interrogé sur ce sujet par la très complaisante Sonia Mabrouk qui ne cache pas son appartenance au camp israéliste, Éric Zemmour, un tantinet fatigué, tente d’enfoncer les hassanistes (ou les mélenchonistes) tout en ne passant pas pour génocidaire, un grand écart quasi impossible. Il vise la pasionaria propalestinienne, lui déniant l’appartenance à la France, sans voir ce qu’elle a justement de très français : ouvrir sa gueule contre les injustices.

« Qu’est-ce qu’elle a de commun avec le peuple français dont elle se moque comme de son dernier keffieh ? »

Et quand il cite Hassan II disant que « la Palestine est l’aphrodisiaque des Arabes », il oublie de dire qu’Israël est l’aphrodisiaque, ô combien plus dangereux, des juifs ! De plus, il estime que l’opération flottille est un échec : au vu de la mobilisation internationale, on serait moins affirmatif…

Dans la même veine, avec moins de freins et de cervelle, on trouve Julien Odoul. Il s’en prend à Rima Hassan personnellement en inventant des amalgames ébouriffants avec le Hamas à toutes les sauces :

« Une militante déclarée du Hamas ! […] Une flottille antisémite qui est très clairement téléguidée par le Hamas ! »

i24News a le mérite de ne pas cacher sa fonction propagandiste de la politique israélienne, et ce, quel qu’en soit le prix : s’il faut mentir pour protéger Israël, on ment à la Jakubowicz dans le procès Lelandais, l’assassin d’enfant !

En face, il s’agit aussi de propagande : la politique, au fond, c’est propagande contre propagande. Chacun défend sa vérité et veut l’imposer aux foules, d’où l’importance du sentimentalisme, de l’émotion. Henry Ford, antisémite en diable, vouait le cinéma judéo-américain naissant aux gémonies parce que, pour lui, il ramollissait et pervertissait l’âme américaine, chrétienne et blanche.

La triplette Bayrou-Barrot-Macron, poussée dans ses retranchements par la triplette Mélenchon-Panot-Hassan, fait actuellement dans son froc car elle doit théoriquement défendre les citoyens français de la flottille pris en otages par les Israéliens. On voit clairement que nos dirigeants sont plus israéliens que français.

Le sionisme version Sharon-Netanyahou, en versant dans le génocide, est en train d’exploser. La société israélienne ne s’en remettra pas, les Palestiniens assassinés non plus. Mais à l’extérieur, le sionisme dans la diaspora est en position défensive-agressive, ce qui est la pire situation. Tout le monde peut lui taper dessus – même les journaliste-Système, réputés trouillards – sans être antisémites ni même antisionistes, juste par humanisme. Les Palestiniens, dans leur martyre, sont en train de détruire le sionisme, ce que les juifs de gauche – ou alors les vrais sionistes ! – ont compris. Pierre Stambul, de l’UFJP, le dit sans ambages.

« Ils veulent faire de nous soit des complices soit des traîtres, nous ne sommes ni traîtres ni complices, nous sauvons notre peau et notre peau elle sera sauvée en nous débarrassant du sionisme. (...) Les médias en France, c’est une honte absolue. »