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Le bien mauvais débat de la dette publique

par Laurent Pinsolle, porte-parole de " Debout la République"

C’est la nouvelle pierre philosophale de la pensée unique qui domine la vie politique française. La France a trop dépensé pendant des années et doit maintenant mener une politique d’austérité pour assainir la situation. Même les candidats du PS y cèdent, les uns après les autres.

Une autre vision de la dette

Bien sûr, je n’ai pas l’intention de glorifier la dépense publique pour la dépense publique, de dire qu’il n’y a pas de problème, ou même de prôner un comportement démagogique.

Cependant, avant d’analyser ce qu’il faut faire, il faut questionner cette pensée qui s’impose à gauche, à droite et au centre. En effet, Nicolas Sarkozy veut faire de ce sujet un moyen de disqualifier les socialistes. Jean-Louis Borloo surenchérit et les socialistes montrent patte blanche aux agences de notation.

Tout d’abord, il faut relativiser la position de la France. Bien sûr, notre endettement a beaucoup augmenté depuis trois ans. Cependant, la France reste un des rares pays à conserver son AAA, du fait d’une dette relativement mieux maîtrisée que la moyenne des grands Etats. En outre, nous ne raisonnons qu’en dette brute, alors qu’en dette nette (diminuée des actifs financiers de l’Etat), la position de la France s’améliore nettement, comme souligné par Alternatives Economiques ou André-Jacques Holbecq. Mieux l’ensemble du patrimoine de l’Etat Français reste positif.

Les causes de notre endettement

Il faut ensuite analyser les causes de notre endettement. Il est tout de même assez incroyable que les médias ne soulignent pas davantage le rôle majeur joué par la crise financière de 2008 dans le dérapage des finances publiques.

En 2007, notre endettement était légèrement supérieur à 60% du PIB et en légère baisse par rapport à notre richesse nationale. C’est la crise causée par les excès du monde financier et son sauvetage qui a déséquilibré une situation stabilisée auparavant. En effet, notre dette tournait autour de 60% du PIB depuis le milieu des années 1990.

En outre, comme le souligne justement André-Jacques Holbecq, il ne faut pas oublier que la France a payé 1340 milliards d’euros d’intérêts de 1979 à 2009 alors que la dette a augmenté de 1250 milliards… Et s’il est normal de payer des intérêts à un prêteur qui nous confie son épargne, le débat change quand on constate que l’Etat a renoncé à la création de la monnaie, confiée aux banques privées…

Du coup, outre l’augmentation conjoncturelle de 20 points de notre dette consécutive à la crise financière, l’analyse des raisons plus structurelles de la dette pose également problème.

Par-delà l’abandon de la création monétaire en 1973, on peut également attribuer le déficit structurel de l’Etat à une mondialisation qui assèche le tissus productif français et explique la persistance d’un chômage de masse et d’une stagnation du pouvoir d’achat, qui pèsent tous deux sur les déficits…

Que faut-il faire ?

Aujourd’hui, on culpabilise les Français et si certains gouvernements ne sont pas tout blancs (« l’état calamiteux » des finances publiques laissé par Balladur et Sarkozy en 1995, la « cagnotte » dilapidée par Lionel Jospin ou les baisses d’impôt de Nicolas Sarkozy), le concours d’austérité auquel participent Hollande, Aubry, Borloo et Pécresse est inquiétant. Car trop d’austérité risque de tuer la croissance sans même réduire les déficits, comme cela se passe en Grèce…

Comme le souligne NDA, l’urgence aujourd’hui dans toute l’Europe est de relancer la croissance en relocalisant la production industrielle, qui porte une lourde part de responsabilité dans le niveau actuel des dettes publiques. Par-delà la monétisation partielle des dettes publiques, une réforme en profondeur du système monétaire et financier est absolument nécessaire.

Sous la pression des marchés et des agences de notation, le thème de la dette publique risque de prendre une place importante dans les débats pour la présidentielle. Nous y serons bien armés pour dénoncer un système qui saigne les peuples au profit du système financier

 






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3 Commentaires

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  • #40811
    Le 26 août 2011 à 06:50 par Panisse
    Le bien mauvais débat de la dette publique

    Je suis sûr que pas mal de députés ne saisissent même pas la portée de cette traitrise de 1973. Quand on leur pose la question ils doivent répondre : "mais mon bon monsieur, vous n’y pensez pas ! Nous ne sommes pas d’extrême droite, nous sommes républicains." Où comment étaler son ignorance avec une énorme chutzpah...

     

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  • #40841
    Le 26 août 2011 à 11:01 par Seber
    Le bien mauvais débat de la dette publique

    PLusieurs faiblesses relevées :
    .
    - Dénonciation de la dictature de la dette tout en se glorifiant...de la note des agences de notation !
    .
    - Gonflement du rôle ponctuel jouée par la crise de 2008 bien pratique tout en dénoncant justement une cause historique, parmi d’autres : la loi "Pompidou-Rothschild". Loi qui ne tombe pas de nulle part. Et la dynamique historique ?
    .
    Les autres causes, facteurs important de la situation actuelle, sont occultés : libre circulation des Hommes permettant un marché spéculatif du travail grâce à l’immigration, au travail des femmes, stagiaires...
    .
    - Tout cela au nom de la Sainte-Croissance devant laquelle monsieur Pinsolle s’évertue à vouloir sacrifier je ne sais encore quel pan de la société.
    .
    Il est un fait que les crises à répétition sont le signe que nous vivons bien au-dessus de nos moyens depuis longtemps, et ce justement pour masquer la faillite du système en place. Car que valent en réalité toutes ces richesses ? Avec quels moyens financiers et quelles énergies allons-nous construire, bétoner encore et encore ? Le pétrole de la Libye ? de l’Iran ? du Venezuela ?
    Il serait temps d’avoir enfin une vision à long terme et d’arrêter de promettre la lune.

     

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  • #40850
    Le 26 août 2011 à 11:25 par damien
    Le bien mauvais débat de la dette publique

    Vous avez raison dans le fond.

    Mais je préciserais :

    Pourquoi la France garde son AAA ?

    1 Parce qu’elle a globalement payé ces dettes sur les siècles passés.
    2 Elle est mal gérée, mais ok passons. Elle est encore riche et elle le vaux bien, exemple :
    un riche de (10 millions) qui a un trou de (1 millions) est plus facilement pardonné par son banquier, parce que son client à des arrières. On a un "relatif" beau stock d’or, on pourrait vendre Versailles ... On est ménagé avant les élections (dangereux peuple pluriel avec suffrage universel direct), mais après ça va taper fort, on est systémique "too big to fail".

    3 solutions :
    chutes dures
    1 que le système financier crève avant la "France moderne"
    2 une révolution du système
    dégringolade "douce"
    3 des successions de période d’inflation et de défauts relativement sous contrôle

     

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