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Le "ni pardon ni oubli" à l’origine de la condamnation de la BNP

Quand le 30 juin dernier la justice américaine annonça une sanction de 8,97 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros) à l’encontre de BNP Paribas pour violation des embargos américains sur l’Iran, Stephen Flatow prit la nouvelle comme une victoire, sa victoire.

Tout commence le 9 avril 1995, quand Stephen Flatow, un avocat originaire du New Jersey, apprend la mort de sa fille Alicia (et de six autres personnes) dans un attentat à la voiture piégée alors qu’elle séjournait dans une station balnéaire de la bande de Gaza.

Cet avocat va faire de la mort de sa fille un symbole dans la communauté juive outre-Atlantique : des milliers de personnes assisteront au service commémoratif en l’honneur d’Alicia Flatow à la Congrégation Ahavas Achim B’nai Jacob et David à West Orange (New Jersey). Cinq ans plus tard, une yeshiva importante de New York sera rebaptisée du nom de celle qui est désormais un martyr. Stephen Flatow devient un militant sioniste actif, notamment en combattant la libération de prisonniers palestiniens. L’engagement volontaire de son fils Etan Flatow dans Tsahal sera cité en exemple dans la communauté juive américaine (New Jersey Jewish News, 19 juin 2008)

Outre le volet symbolique, Stephen Flatow réclame surtout une réparation de 247 millions de dollars pour la perte de sa fille. En 1998, la justice fédérale étasunienne reconnaît l’Iran comme coupable de l’attaque. La République islamique refusera de payer.

Flatow n’en restera pas là et fera pression jusqu’au plus haut niveau du gouvernement américain, obtenant 26 millions de dollars après avoir rencontré Bill Clinton par trois fois. C’est trop peu. Il va alors traquer les actifs cachés entre les États-Unis et l’Iran, avec dans son viseur une fondation iranienne logée dans un gratte-ciel de la Cinquième avenue de New York, l’Alavi Foundation.

En 2006, le procureur Laura Billings rejoint les suspicions de Flatow et soupçonne la Fondation Alavi d’être un paravent iranien. Un informateur lui précise que la fondation reçoit des fonds de la banque Melli, la banque d’État iranienne. Mais quand les procureurs et le FBI obtiennent les relevés bancaires, ce n’est pas la banque Melli qui apparaît mais le crédit Crédit Suisse et Lloyds.

Tandis que ces affaires apparaissaient au grand jour, une dénonciation mettra le procureur sur la piste de la BNP en 2009. La banque reconnaîtra publiquement avoir couvert des opérations avec l’Iran et le Soudan. Lundi dernier, Stephen Flatow a réagi à l’annonce de la condamnation de la BNP :

« Le fait d’être à l’origine de ces révélations rend vraiment un hommage à Alisa, qui aurait eu 40 ans cette année. »

Ni oubli, ni pardon. Réparations…

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