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Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

Le pays pourrait être en rupture de paiement dès le 8 avril prochain

Face à l’enlisement des négociations entre Athènes et l’Union européenne, les Grecs s’interrogent sur la marge d’action dont dispose réellement le gouvernement d’Alexis Tsipras, le leader de Syriza, parti de la gauche anti-austérité.

« Le premier ministre parviendra-t-il à mettre en place ses réformes tout en maintenant le pays dans la zone euro ? J’ai l’impression qu’il a déjà beaucoup concédé aux Européens », explique Dimitris, serveur dans un café, les yeux rivés sur un écran de télé où il apprend la suspension des discussions entre la Grèce et ses créanciers internationaux à Bruxelles.

La liste des réformes qu’Athènes a présentées et qui apporteraient au minimum 3,2 milliards de recettes selon le gouvernement, sont cependant toujours jugées insuffisantes par les Européens. Elles s’articulent autour de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, la taxation des revenus à l’étranger, une réforme de l’administration, des mesures en faveur des retraités vivant sous le seuil de pauvreté.

Les derniers euros

Le gouvernement grec souhaite aussi lutter contre le marché noir, de cigarettes et de carburant essentiellement. Il s’agirait aussi de vendre des licences de jeux en ligne ou celles de radiodiffusion qui n’ont jusqu’alors jamais été officiellement attribuées et dont bénéficient gracieusement les chaînes de télévision. En outre, le gouvernement a déjà annoncé des privatisations (aéroports régionaux, société des jeux, et port du Pirée). Ce dernier point était l’une des « lignes rouges » du gouvernement d’Alexis Tsipras avant que ne soient acceptées des concessions majeures.

Tout un volet concernerait des réformes en faveur de la modernisation de l’Etat et de l’administration fiscale pour la rendre plus efficace, l’amélioration de la gestion des finances publiques et une réforme de la justice. De nouvelles procédures pour les faillites pourraient même être introduites.

Mais les Européens veulent plus : selon eux, Athènes peut économiser davantage et procéder à d’autres coupes drastiques car le pays dispose encore d’une réserve de 2,5 milliards d’euros, utilisée pour couvrir les dépenses courantes. Or la Grèce doit rembourser 420 millions d’euros au FMI, 80 millions d’intérêts à la Banque centrale européenne (BCE), 194 millions d’intérêts à ses créanciers du secteur privé et 100 millions d’autres paiements. En outre, 1,4 milliard d’euros de bons du Trésor à six mois arrivent à échéance le 14 avril et 1 milliard de bons à trois mois le 17 avril.

Les négociateurs les plus intransigeants ont demandé de décaler la poursuite des négociations au-delà de la date initialement fixée du 8 avril. Cela forcerait Athènes à puiser dans ses ultimes réserves. Avec le risque de mettre en péril le fonctionnement de l’État et de ses institutions. Les services indispensables comme les pompiers et les urgences médicales pourraient même être contraints de fonctionner au ralenti. Et si Athènes devait ne pas honorer ses créances pour assurer le fonctionnement quotidien, Alexis Tsipras sera mis au pilori par Bruxelles. Un membre du gouvernement signale : « Si aucune aide n’était versée par les institutions, il serait possible que le gouvernement ne paie pas le FMI le 8 avril. »

Les lignes rouges

« Le gouvernement a trois lignes rouges : la réforme du marché de l’emploi, les coupes dans les salaires et les pensions, une politique fiscale qui taxe les hauts revenus et le capital », précise un proche du dossier. Il ajoute : « Du côté des institutions et des créditeurs, nous faisons face à un aveuglement idéologique. Pourquoi les créditeurs veulent-ils continuer à imposer des mesures qui maintiennent une situation fiscale intenable ? Alors que nous voulons restructurer le pays et l’économie, on nous demande des réformes superficielles et néolibérales. »

La position d’Alexis Tsipras devient donc insupportable. Yannis Albanis, membre du Comité central de Syriza, a ainsi écrit un texte : « Un Grexit [une sortie de la Grèce de la zone euro] est préférable à un nouveau mémorandum. » Il y explique notamment qu’un échec de Syriza renforcerait le parti néonazi grec. Cette crainte est, elle aussi, toujours plus diffuse à Athènes. « Mais pas à Bruxelles », déclare Dimitris.

Voir aussi, sur E&R :

Le documentaire-choc de Kontre Kulture sur le nauvrage de la société grecque :

 






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9 Commentaires

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  • #1154427
    Le 1er avril 2015 à 14:08 par Thomas
    Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

    Tsipras c´est le Mélenchon grec, une grande gueule, mais quand il faut passer à l´action, là, il n´y a plus personne. Désormais, je verrais bien un coup d´état militaire d´ici peu en Grèce quand Syriza n´aura plus aucune marge de manoeuvre car il est bien évident qu´ Aube Dorée ne sera jamais autorisée à accéder au pouvoir.

     

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    • #1154637
      Le Avril 2015 à 19:08 par La Voix du Nord
      Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

      ( Tout comme MLP en France ! ). Par contre si c’est un coup d’état militaire " national " , les grecs pourraient peut être retrouver le moral Après quelques mois , Si leur parti national a les mains libres pour infléchir la politique intérieure ...à suivre ! Si c’est un coup d’état militaire des forces de l’OTAN , pour garder ce pays dans le giron atlantiste , ils vont "déguster" , et la " fermer " ...à tout jamais !
      À propos de MLP , même si elle passe par les urnes , le lendemain tous les partis du système , l’armée , les forces de l’ordre , toutes les administrations de la fonction publique , sont réquisitionnés pour empêcher son accès au pouvoir ! J’ai avancé cette hypothèse sur un autre commentaire , ajoutant que si les militaires tergiversent et renâclent , les forces de l’OTAN , dont le commandement est assuré par qui vous savez , feront le taf ! ( c’est Evidemment une solution extrême ,mais ne rêvons pas , y a trop à perdre !)

       
    • #1154692
      Le Avril 2015 à 20:11 par Fred
      Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

      @La voix du nord
      Encore faut-il que MLP (donc le FN) passe au pouvoir.. mais pour cela il faut plus de 0 département, plus de 2 députés et 2 sénateurs (pour espérer avoir une cohabitation, et ne pas subir la cohabitation) et avoir pour les prochaines municipales une grande ville (Paris, Lyon, Lille, Marseile...) tenues pas l’UMPS...

       
  • #1154438
    Le 1er avril 2015 à 14:17 par jeanlinna
    Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

    Tsipras arrive à la bonne conclusion....il n’auront aucune chance de faire pleurer Bruxelles et les allemands...auront-ils le courage de mettre en place la sortie de l’Euro pour leur pays...j’en doute ! Mais en ce cas, le peuple va gronder et sûrement plus !

     

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  • #1154440
    Le 1er avril 2015 à 14:23 par Yéti_déporté_au_Benêtland
    Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

    Il y a beaucoup d’utérus et de vagins à louer, d’organes et d’îles à vendre. Les grecs doivent digérer l’hostie moisie de leurs vieux préjugés.

    "S’il devait être vrai que les grecs ont sombré à cause de leur esclavage, il est cependant plus certain que nous sombrerons par manque d’esclavage ! L’esclavage est nécessaire à toute vraie forme de culture." Nietzsche

     

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  • #1154500
    Le 1er avril 2015 à 15:34 par Colère Bleu Blanc Noire
    Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

    "Γαμώ την ΕΕ" ="Fuck the EU !"
    cit. Victoria Jane Nuland

     

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  • #1154525
    Le 1er avril 2015 à 16:09 par radar
    Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

    Si depuis des années les contribuables européens ne veulent plus lâcher un rond pour les Grecs alors que l’UE persiste à leur prêter de l’argent, c’est tout simplement parce que l’UE touche des RETRO-COMMISSIONS : il n’y a pas d’autre explication possible .

     

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    • #1154551

      Ca ne fera qu’un scandale de plus qui sera étouffé comme les autres .

       
    • #1154948
      Le Avril 2015 à 09:04 par Célestin
      Les concessions d’Athènes ne satisfont pas Bruxelles

      C’est tout à fait normal puisqu’il s’agit de blanchiment d’argent à grande échelle. L’UE pique aux états européens (qui se renflouent grâce aux contribuables) et donne à la grèce qui est obligée de payer les banques. C’est de la pure goinfrerie de la part des dirigeants et propriétaires majoritaires desdites banques. Tant que ça dure, c’est aussi bon qu’une glace en été.