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Les enfants palestiniens sont systématiquement maltraités par les tribunaux militaires israéliens, selon les rapports

Les abus systématiques perpétrés contre les mineurs palestiniens qui sont pris dans le système judiciaire militaire israélien font l’objet de deux rapports publiés ce mois-ci ! : B’Tselem et Défense Internationale des Enfants.

Sami est tombé aux mains de la justice militaire israélienne le 8 mars quand deux douzaines de membres d’un commando ont fait irruption chez lui peu après minuit. La famille du jeune Palestinien de 15 ans a regardé les soldats lui lier les mains, lui mettre un bandeau sur les yeux et l’emmener sans fournir la moindre explication.

Sami a raconté dans un interview qu’il a été forcé de parcourir à pied les 3 km qui séparent son village Beit Ummar d’une colonie juive avoisinante.

Là les soldats lui ont donné des coups de pied si violents que ses côtes étaient meurtries. A un moment donné ils l’ont fait asseoir par terre entre deux sofas que les soldats serraient pour écraser son corps mince.

"J’ai essayé de me raidir pour arrêter la pression. Je ne pouvais plus respirer" a dit Sami dont la famille a demandé de ne pas révéler le nom complet.

Il dit qu’on l’a forcé à avouer d’avoir jeté des pierres sur des colons, délit pour lequel il vient déjà de passer quatre mois dans les prisons israéliennes.

Son expérience est emblématique de ce que les associations des droits de l’homme appellent le calvaire d’une quotidienneté alarmante des enfants de Cisjordanie.

Les abus systématiques perpétrés contre les mineurs palestiniens qui sont pris dans le système judiciaire militaire israélien font l’objet de deux rapports publiés ce mois-ci : le premier par B’tselem, l’organisme israélien de surveillance des territoires palestiniens occupés, et le second par Défense Internationale des Enfants (DIE) une ONG de Genève.

Les rapports disent que dans le système qui prévaut pour les Palestiniens de Cisjordanie depuis plus de 40 ans, l’intimidation des enfants, dont certains n’ont que 9 ans, par la police prend la forme d’assauts verbaux et physiques, de refus de laisser leurs parents leur rendre visite, de sentences très lourdes et d’aveux obtenus par la force au cours de violents interrogatoires à huis clos.

Selon DIE, 45 enfants arrêtés pendant les 6 premiers mois de cette année ont témoigné sous serment. 39 d’entre eux se sont plaints de violences physiques (gifles, coups de pieds et coups de poing) pendant leur arrestation, leur transfert ou leur interrogatoire. Dans un des témoignages cités, Ahmad, 16 ans, qui a été arrêté en avril, raconte que l’homme qui l’interrogeait lui a dit : "Avoue ou je t’ouvre le cul en deux !"

Un autre enfant appelé Mohammad, 15 ans, a dit que les soldats israéliens l’avaient battu, lui et tous les enfants avec qui il était, quand ils ont été arrêtés dans le village de Bil’in en février. Un soldats les a traités de "fils de putes".

Bien que 28 des 45 enfants cités dans le rapport aient été arrêtés pour avoir jeté des pierres, les associations humanitaires sont incapables d’obtenir des informations sur ces arrestations de la part de l’armée israélienne.

Un "schéma de maltraitance systématique émerge avec des punitions et des mauvais traitements souvent cruels, inhumains et dégradants" conclut DIE dans son rapport intitulé : Un rapport sur la situation des enfants palestiniens détenus par le système judiciaire de l’armée israélienne.

Le système judiciaire militaire israélien attire depuis longtemps les critiques. On a souligné par exemple que tandis que les Palestiniens y sont soumis, les 300 000 colons juifs de Cisjordanie, eux, sont jugés selon le droit civil israélien.

Selon les estimations, plus de 700 mineurs palestiniens par an passent par le système judiciaire de l’armée, mais il est impossible d’obtenir des précisions de la part de l’armée. Une fois emprisonnés, ils sont considérés comme des prisonniers dangereux pour la sécurité et on leur refuse donc tout accès au téléphone et dans la plupart des cas leurs parents ne peuvent pas leur rendre visite.

En pratique le système facilite leur condamnation et leur incarcération en donnant aux procureurs militaires un grande marge de manoeuvre pour obtenir des aveux sous la contrainte selon le rapport de B’tselem : "Pas une affaire mineure".

Les juges militaires ordonnent la plupart du temps que les mineurs palestiniens restent en prison pendant les procédures.

"En conséquence beaucoup de mineurs préfèrent accepter un accord (plea bargain) et avouer ce qu’on leur reproche car ils craignent qu’en cas de procès ils ne soient forcés de rester en prison encore plus longtemps en attendant que l’affaire soit jugée" selon le rapport.

Selon le rapport entre 2005 et 2010, 93% des 835 Palestiniens de 17 ans et moins qui ont été arrêtés et accusés d’avoir jeté des pierres ont reçu des sentences allant de quelques jours de prison à 20 mois. Un seul a été acquitté.

Certains de ceux qui ont été emprisonnés avaient moins de 14 ans bien qu’il soit interdit en Israël d’emprisonner des enfants si jeunes, selon le rapport.

L’armée israélienne a dit que B’tselem faisait preuve de "parti pris" dans son rapport et que le système judiciaire israélien manifestait "une grande sensibilité" vis à vis des mineurs.

"B’tselem a été informé de 160 cas de jets de pierres, y compris du fait de mineurs, qui ont causé la mort et estropié des civils israéliens et des forces de sécurité" a déclaré l’armée sans donner de détails.

Mais Umm Mahmoud, 34 ans, qui vit à Beit Ummar, craint que son fils de 9 ans, Mahmoud, ne se remette pas du choc qu’il a subi le 18 février quand des soldats ont mis en joue son père, ont arraché Mahmoud à sa famille alors qu’il jouait dans la cour de sa maison et l’ont emmené dans un endroit inconnu pendant plus de six heures.

Ils ont ensuite découvert qu’il avait été emmené dans un poste de police de Kiryat Arba, une colonie israélienne, où les soldats ont giflé Mahmoud encore et encore : "Ils lui ont dit ’si tu jettes encore des pierres on t’enlèvera pour toujours’ a dit sa mère."

Ils l’ont déposé à la colonie de Gush Etzion plus tard dans la nuit sans l’accuser du moindre délit, selon elle.

"J’espère que Mahmoud n’est pas irrémédiablement traumatisé", a-t-elle confié. "Il continue à faire des cauchemars où des soldats entrent chez nous."

 






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